Discrimination des jeunes au travail : une salariée confrontée à la pression de son employeur pour changer de nom
Alors que le baromètre du Défenseur des droits, publié mardi, établit que plus d’un jeune sur trois est victime de discriminations dans l’emploi, franceinfo a rencontré une femme dont l’employeur lui a demandé de modifier son nom et d'en choisir un à consonance française.
Plus d'un jeune sur trois est victime de discriminations dans l'emploi : c'est ce qui ressort du baromètre du Défenseur des droits que révèle franceinfo mardi 7 décembre. La Défenseur des droits, Claire Hédon, dénonce l'ampleur de ces discriminations pour les 18-34 ans et leurs conséquences délétères. Les critères les plus cités sont le sexe, l’âge, l’apparence physique et l’origine. Un témoin de ces pratiques, qui souhaite rester anonyme, a accepté de raconter son histoire.
Un problème de "réputation"
Cette jeune femme explique ainsi qu'elle a été embauchée en tant que commerciale dans une société de télécommunications en juin 2019. Deux mois plus tard, son entreprise lui demande de changer son nom et son prénom. "Ils m'ont dit qu'un nom d'origine arabe maghrébine ne serait pas bon pour leur réputation auprès des clients", explique-t-elle.
Sa direction lui laisse une soirée pour y réfléchir et le lendemain matin, elle reçoit un mail avec une liste de noms et de prénoms à consonance française. "J'ai dit non, que je ne changerai pas, poursuit-elle. Et vers 14 heures, le patron m'a carrément créé une adresse mail en me disant que c'était cela mon nouveau nom et ma nouvelle adresse mail."
"Je me suis sentie rejetée par la société et je me suis enfermée chez moi trois semaines sans sortir."
Une jeune femme
Elle a saisi le conseil des prud'hommes, qui a estimé cet été, deux ans après les faits, qu'il s'agissait là d'un ressenti, mais pas de discrimination proprement dit. "Ça m'a vraiment humiliée, souligne la jeune femme. Il y a encore maintenant une petite partie de moi qui me rappelle que je suis d'origine maghrébine et que je n'ai pas les mêmes chances que quelqu'un d'autre." Elle a fait appel de la décision du conseil des prud'hommes et a depuis retrouvé du travail dans une autre entreprise. Avec son vrai nom, et son vrai prénom.
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