Contrôle du télétravail : "Madame Borne bluffe un peu", lance Cécile Clamme de la CGT
Pour atteindre les 5 000 contrôles annoncés dans les entreprises par la ministre , "charge aux agents de se débrouiller avec", rétorque Cécile Clamme, secrétaire générale de la CGT Travail Emploi et Formation professionnelle (CGT-TEFP).
"Madame Borne bluffe un peu", a lancé mardi 7 décembre sur franceinfo Cécile Clamme, secrétaire générale de la CGT Travail Emploi et Formation professionnelle (CGT-TEFP), alors que la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a annoncé que des contrôles seraient effectués "la semaine prochaine" dans les entreprises pour vérifier si l'extension du télétravail "à deux à trois jours" par semaine pour limiter la diffusion du Covid-19 est "bien mise en œuvre."
"Les agents de l'Inspection du travail n'ont ni les moyens humains, ni les moyens juridiques d'imposer le télétravail dans les entreprises", souligne Cécile Clamme. Élisabeth Borne a annoncé qu'elle visait 5 000 contrôles par mois dans les entreprises. "Rapporté au nombre global des entreprises, on voit que la menace a une portée très faible", fait remarquer la représentante de la CGT-TEFP. Elle estime que "l'aspect mise en demeure est un outil juridique un peu compliqué qui n'est pas adapté à une situation d'urgence sanitaire". Il y a donc "un souci de troupes et de moyens juridiques". Elle dénombre 1 800 agents de contrôles à l'Inspection du travail. "C'est un agent de contrôle pour 10 000 salariés". Il y a également "260 secteurs vacants qui n'ont pas d'agents de contrôles", soit "15% des secteurs qui ne sont pas couverts". À l'Inspection du Travail, les agents sont "invités" à télétravailler "comme tout fonctionnaire", fait également remarquer Cécile Clamme. Elle pointe "l'incohérence" entre le fait "d'aller dans les entreprises" pour faire les vérifications et l'obligation de faire du télétravail.
Pour atteindre le "chiffre global" annoncé par la ministre, "charge aux agents de se débrouiller avec", explique la secrétaire générale de la CGT-TEFP. "On a des indicateurs. Et on ira en priorité dans les entreprises où on aura eu des indices pour être un minimum efficaces."
"5 000 contrôles rapporté à 200 000 entreprises qui emploient plus de 10 salariés ou un million d'entreprises qui emploient entre un et neuf salariés, ce ne sera qu'une goutte d'eau."
Cécile Clamme, secrétaire générale de la CGT Travail Emploi et Formation professionnelle (CGT-TEFP)à franceinfo
La représentante de la CGT-TEFP note par ailleurs que le contrôle du télétravail "peut être difficile", car il y a de "nombreux arguments avancés par les employeurs qui sont difficiles à contrecarrer". Cela peut être "un logiciel trop gourmand en bande passante" ou encore "un nouvel embauché qui a besoin d'être tutoré". Les agents de l'Inspection du travail parviennent toutefois "à démontrer, quand on creuse, que beaucoup de tâches sont télétravaillables."
Cécile Clamme ajoute que le télétravail "est une bonne façon de protéger les salariés qui n'ont pas à prendre les transports en commun, qui n'ont pas à s'exposer au risque d'être contaminés". Elle reconnaît cependant qu'il y a "des risques qui sont associés au télétravail et à sa généralisations. Ces risques doivent être analysés et prévenus."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.