Contrairement aux idées reçues, les délocalisations se font d'abord vers l'Union européenne
L'Insee publie une étude sur les délocalisations à deux jours de la présentation d'une série de mesures pour lutter contre le phénonème. Voici les principales conclusions.
Alors qu'Arnaud Montebourg doit présenter, vendredi 14 juin, un plan de mesures pour inciter les entreprises à relocaliser en France, l'Insee publie mercredi 12 juin une étude sur les délocalisations. Contrairement aux idées reçues, les entreprises qui délocalisent se tournent d'abord vers l'Union européenne et non vers des pays émergents d'Asie. Francetv info détaille les enseignements de cette enquête.
Quelle est l'ampleur du phénomène ?
Entre 2009 et 2011, 4,2% des sociétés françaises ont délocalisé au moins une activité. L'enquête "permet d'estimer à environ 20 000 le nombre de suppressions directes de postes en France dues à des délocalisations opérées entre 2009 et 2011 par les sociétés marchandes non financières de 50 salariés ou plus, soit environ 6 600 suppressions par an au cours de ces trois années", souligne l'Insee. Dans l'industrie manufacturière, ces délocalisations représentent 11 500 postes supprimés sur la période, soit 0,6% de l'emploi salarié du secteur, relève l'Insee, qui souligne cependant que ces chiffres n'incluent pas les éventuelles suppressions induites chez les sous-traitants.
Quels sont les secteurs qui délocalisent ?
L'industrie manufacturière et les services de l'information et de la communication ont été les secteurs les plus touchés par ce mouvement, note l'institut.
Les sociétés qui délocalisent sont le plus souvent exportatrices ou déjà présentes à l'étranger par le biais de filiales. Presque toutes appartiennent à un groupe (94%) et délocalisent en majorité au sein de ce dernier, alors que la propension à délocaliser augmente avec la taille de la société. Ainsi, 8,8% des sociétés du secteur manufacturier ont délocalisé, la fabrication d'équipements électriques (25%) et celle de produits informatiques, électroniques et optiques (22%) étant particulièrement visées.
Dans les services de l'information et de la communication, 8,8% également des sociétés ont délocalisé, surtout dans les services liés aux activités informatiques (11%).
Où vont les entreprises qui délocalisent ?
Les entreprises qui délocalisent privilégient d'abord les quinze pays originels de l'Union européenne (destination de 38% des entreprises ayant délocalisé). Viennent ensuite l'Afrique (24%), les nouveaux Etats membres de l'Union (22%), puis la Chine (18%) et l'Inde (18%), selon cette enquête "Chaînes d'activité mondiales" de l'Insee.
Qu'est-ce qui motive ces entreprises ?
Les délocalisations dans les pays émergents comme l'Inde et la Chine sont souvent motivées par l'accès à des coûts bas, salariaux ou non, et à des marchés prometteurs. Dans le cas des nouveaux Etats membres de l'UE, les coûts salariaux peuvent également être attractifs. Pour les délocalisations vers l'Europe des quinze, les sociétés ont d'abord recherché la réduction des coûts de production autres que les salaires. A l'opposé, les délocalisations vers l'Afrique sont majoritairement motivées par la recherche de salaires bas pour des activités intensives en main-d'œuvre.
En ce qui concerne les activités support (qui ne concernent pas directement la production), l'UE est de très loin la destination privilégiée des délocalisations (65%), en raison de la qualité de l'environnement contractuel.
Pourquoi certaines sociétés renoncent-elles à délocaliser?
L'enquête de l'Insee souligne par ailleurs que 3,1% des sociétés ont envisagé des délocalisations sans les effectuer. Ces renoncements ont été motivés, pour plus de la moitié des sociétés concernées, par une incertitude sur la qualité des biens et services produits une fois les délocalisations effectuées, de même que par le besoin d'une proximité avec les clients.
Les barrières juridiques ou administratives et l'inquiétude des employés et des syndicats viennent juste après. L'Insee pointe par ailleurs que 7,3% des sociétés ont externalisé une partie de leurs activités dans une autre société implantée en France.
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