Cet article date de plus de deux ans.

Vidéo Energie : comment une cinquantaine d'entreprises publiques ont vu leurs factures exploser après les mauvais choix d'une centrale d'achat

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'Oeil du 20h: 26 septembre 2022
L'Oeil du 20h: 26 septembre 2022 L'Oeil du 20h: 26 septembre 2022
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions

L'Union des groupements d’achats publics (Ugap) a orienté 49 entités publiques vers Hydroption, un fournisseur d'électricité qui a fait faillite fin 2021.

Alors que la crise énergétique fait rage, 49 entreprises et administrations ont vu leurs factures exploser à cause d'un fournisseur d'électricité qui a mis la clé sous la porte, Hydroption. On recense, parmi ces organismes publics, les pompiers de Paris, l'Assemblée nationale, le port maritime de Marseille, comme le révèle "L'Oeil du 20 heures" sur France 2, lundi 26 septembre. 

Le Centre nautique intercommunal de Lyon-Saint Fons-Vénissieux est l'un de ces organismes concernés. Il accueille environ 300 000 usagers chaque année et, pour faire fonctionner le bassin olympique, le petit bain ou le sauna, une importante machinerie technique fonctionne au sous-sol. Sur un budget annuel de 4 millions d'euros, l'énergie représente le deuxième poste de dépense de la piscine.

"Toutes les dépenses électriques passent ici : le traitement de l'air, le traitement de l'eau et aussi une partie en éclairage car l'éclairage des bassins est obligatoire en termes de sécurité"

Eugénie Gay-Montchamp, directrice du CNI de Lyon

à France 2

Quand la directrice a reçu la facture il y a quelques mois, ça a été la douche froide. Son fournisseur, Hydroption, lui avait annoncé un prix intéressant mais entre temps, il a fait faillite. Elle a dû se retourner dans l'urgence vers EDF au prix du marché. Résultat : elle a pâti d'une d'augmentation de 112%, soit un surcoût de 180 000 euros. 

La directrice avait pourtant fait confiance à une centrale d’achat public : l'Ugap, l'Union des groupements d’achats publics. Quand une collectivité (ministère, commune, hôpital) renouvelle son contrat d’énergie, son parc de véhicules ou son matériel informatique, elle doit lancer un appel d'offre. L’Ugap lui facilite cette démarche.

Des dizaines d'acteurs publics concernés

Cette fois-ci, l'Ugap a orienté vers le fournisseur d’électricité Hydroption 49 entités publiques : les pompiers de Paris, l’université Lyon 3, le port maritime de Marseille, l’Assemblée nationale et même et France Télévisions. Hydroption était alors en redressement judiciaire. La centrale d’achat le savait et lui a quand même attribué l'appel d'offre. Interrogé, l'Ugap se défend de toute défaillance : "Le code de la commande publique interdit d'écarter un candidat pour motif de redressement judiciaire. On peut imaginer que ça sert à protéger les PME qui traversent des passages difficiles en ayant cet amortisseur d'accès à la commande publique", explique Philippe Tessier, directeur du département Energie et Environnement à l'UGAP. 

"Le code de la commande publique interdit d'écarter un candidat pour motif de redressement judiciaire"

Philippe Tessier, directeur de projet Energie et environnement à l'Ugap

à France 2

La règle n'a en tout cas pas permis de sauver Hydroption, qui a mis la clé sous la porte à l'automne 2021

Le surcoût aura des conséquences pour les services publics

Dans certaines collectivités, le surcoût engendré aura des conséquences : dans le Nord, la facture de la régie des eaux "Noréade" a bondi de 10 millions d’euros. Il faudra répercuter cette hausse d’une manière ou d'une autre, en augmentant le prix de l’eau pour les usagers, par exemple.

Autre option envisagée : reporter certains projets, comme la construction de stations d’épuration. "Dans les communes qui attendent pour certaines déjà depuis quelques années ces investissements, dire qu'il y aura un ou deux ans de délai supplémentaire, c'est forcément une déception", se lamente Jean-Marc Lambin, directeur adjoint du Syndicat Intercommunal de Distribution d'Eau et Assainissement du Nord (Noréade). Il n'est pas sûr que le responsable ait de nouveau recours à l'Ugap à l'avenir. Plusieurs autres collectivités envisagent même de se tourner vers des centrales d'achat privées.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.