Perte et dette record d'EDF : l'État doit "mettre au pot" parce que cette situation est de son "fait", affirme le député Philippe Brun
"Il faut que l'État mette au pot, parce que la situation actuelle d'EDF est le fait de l'État", a affirmé le député socialiste Philippe Brun, vendredi 17 février sur franceinfo. Quelques heures plus tôt, le géant de l'électricité annonçait avoir connu en 2022 une perte nette de 17,9 milliards d'euros et un endettement record de 64,5 milliards d'euros. En cause, les déboires de son parc nucléaire, mais aussi par sa contribution forcée au "bouclier tarifaire" des Français.
"EDF n'avait jamais aussi peu produit d'électricité en France depuis 1992", selon l'élu de la quatrième circonscription de l'Eure, auteur par ailleurs d'une proposition de loi pour une "nationalisation" d'EDF sans risque de "démantèlement", adoptée début février par l'Assemblée nationale. Selon lui, "l'État est responsable de la destruction de la filière industrielle nucléaire en France".
L'Arenh en partie responsable des dettes d'EDF, selon le député
Philippe Brun reproche aussi à l'État d'avoir "imposé" le "mécanisme" de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique). "Il impose aujourd'hui à EDF de vendre à ses concurrents" de l'électricité "en dessous de son coût de production". Ces derniers l'achètent à "42 euros du mégawattheure", pour la revendre ensuite à "400, 500, 600 euros du mégawattheure", dit-il. "En 2022, ça a coûté à EDF 8 milliards d'euros", s'indigne-t-il.
L'Arenh a été bâti par la France en 2010 pour essayer de rester dans les clous de la concurrence imposée par Bruxelles. "Les directives européennes nous permettent de déroger à l'Arenh en cas de situation particulièrement critique", fait-il remarquer. "L'État aurait dû le faire", ajoute-t-il.
"Pour toutes ces raisons, il faut bien sûr aujourd'hui sauver cette grande entreprise". C'est à la portée de l'État, selon le député (PS) de l'Eure. "On a dépensé plus de 100 milliards durant les deux dernières années pour le bouclier tarifaire", lance-t-il. Ces 100 milliards "sont partis en superprofits pour les grandes entreprises de l'énergie, notamment TotalEnergies, et pour les fournisseurs alternatifs".
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"Je crois que cet argent-là, il serait mieux utilisé en sauvant notre énergéticien national", déclare Philippe Brun avant de conclure :"c'est une question de survie et de souveraineté énergétique française".
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