En assignant Carrefour en justice, Bercy lance " un avertissement à la grande distribution"
En pleines négociations commerciales pour 2017 entre fournisseurs et distributeurs, le ministère de l'Economie poursuit Carrefour pour pratiques commerciales abusives. Un avertissement selon Yves Puget, le directeur de la rédaction du magazine de la grande consommation LSA, invité jeudi 10 novembre sur franceinfo.
Mercredi 9 novembre, le ministère de l'Économie a annoncé assigner Carrefour devant le tribunal de commerce pour "pratiques commerciales abusives". Yves Puget est directeur de la rédaction de LSA, magazine des professionnels du commerce et de la distribution. Invité jeudi 10 novembre sur franceinfo, il revient sur cette procédure qui intervient en pleines négociations commerciales pour 2017 entre fournisseurs et distributeurs. "Carrefour aurait demandé des réductions de prix aux magasins de proximité, arguant qu'il est plus coûteux de livrer des milliers de magasins de proximité que des centaines d'hypermarchés. Une perquisition a eu lieu le 9 février dernier au siège de Carrefour. L'enseigne risque 2 millions d'euros d'amende et le remboursement de l'indu."
Une telle procédure n'est pas habituelle, selon Yves Puget, mais elle s'inscrit dans la démarche de plus en plus volontariste de Bercy sur le sujet : "La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a augmenté ses contrôles dans la distribution de 70% l'année dernière. Les procédures judiciaires en cours (contre Carrefour, Leclerc et Système U notamment) sont longues car les enseignes vont souvent en appel. De son côté, l'autorité de la concurrence met des amendes aux gros industriels pour des ententes sur les prix."
Une "judiciarisation du commerce" jugée néfaste
Pour autant, le directeur de la rédaction du magazine LSA considère que les pratiques abusives de la grande distribution "se sont calmées" depuis les années 80. "Certains distributeurs ne respectent pas la loi, concède-t-il, il faut les condamner et la DGCCRF est là pour cela. Il n'y a pas plus de comportements délictueux, mais l'État fait son travail. Plus on cherche, plus on trouve."
Yves Puget, qui se félicite de cette tendance, s'inquiète malgré tout de la "judiciarisation du commerce", "mauvaise pour les prix de vente et donc pour le pouvoir d'achat".
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