: Vidéo Elle gagnerait 13,95 euros pour trois heures de travail : livreuse pour Stuart via un sous-traitant, elle décrit un système "immoral, irrespectueux, pas professionnel du tout"
Envie d'une glace sans bouger de votre canapé ? Faites-la livrer... De nombreux acteurs se font concurrence sur "l’économie de la flemme". Parmi eux, Stuart, une start-up française. Dans un témoignage pour "Envoyé spécial", une livreuse qui travaillerait pour Stuart via un sous-traitant dénonce des conditions de travail qu'elle trouve inacceptables – et qui seraient illégales.
Ses livreurs ont envahi les villes françaises. Mais comment fait cette plateforme de livraison, qui travaille avec de nombreuses enseignes, pour satisfaire ses clients en un temps record ? Si la start-up française Stuart communique beaucoup sur son service éco-responsable à vélo, "Envoyé spécial" a recueilli le témoignage d'une livreuse qui dit pourtant effectuer des livraisons avec sa voiture personnelle. Sous couvert d'anonymat, elle affirme travailler pour Stuart via un sous-traitant qui lui aurait imposé l’illégalité. Un système qu'elle qualifie d'"immoral, irrespectueux, pas professionnel du tout".
Les journalistes du magazine l'ont accompagnée pendant une de ses tournées. Comme les livreurs à vélo ou scooter, elle est géolocalisée par l'application, qui lui propose des courses.
Elle affirme qu’elle n’aurait aucun statut juridique : ni auto-entrepreneur, ni intérimaire, et aucun contrat de travail... La plate-forme passerait par un sous-traitant pour la rémunérer, et celui-ci lui aurait imposé l'illégalité en la payant par virements effectués sur son compte en banque, sans délivrer de fiche de paie. Ainsi, son travail pour Stuart via un sous-traitant ne serait "pas déclaré" : "On est totalement au black", dit-t-elle.
Une commission de 25% pour l’intermédiaire ?
Pas de fiche de paie, selon elle, donc pas de cotisations sociales, pas d'assurance professionnelle en cas d'accident du travail ou d'ennuis mécaniques avec sa voiture... et des conditions de travail parfois difficiles, comme ce colis de 50 kilos qu'elle peine à faire entrer dans son véhicule. Elle n'aurait aucune assurance pour l'objet qu'il contient, dont le bon de livraison indique une valeur de plus de 2 000 euros.
Ce jour-là, pour deux heures cinquante de travail, l'application lui indique qu'elle va recevoir 18,60 euros. Un montant sur lequel l'intermédiaire prélèverait 25% de commission. "Il me reste 13,95 euros, calcule-t-elle, et sur les 13,95, j'enlève l'essence, donc il me reste pas beaucoup. Pour trois heures de travail."
Extrait de "Livraison : à fond la fraude ?", une enquête diffusée dans "Envoyé spécial" le 23 juin 2022.
> Contactée, la plateforme nous a répondu : "Stuart accorde une place centrale au respect des règles et à la lutte contre la fraude. Stuart effectue une série de contrôles réguliers (...), toute constatation d’une irrégularité entraîne une mise en demeure de régularisation et la fin de la relation commerciale en cas de non-respect. Nous collaborons depuis de nombreuses années avec les autorités compétentes (...) afin de renforcer nos procédures de contrôle et nous adapter en continu aux nouveaux types de fraude. Vous semblez faire référence à l’un des utilisateurs dont l’accès à la plateforme a été désactivé en raison de manœuvres frauduleuses avérées (...). Au regard de l’enquête en cours à l’encontre de cette personne, et à laquelle notre société apporte son entier concours, il nous est interdit de faire davantage de commentaires."
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