Réduction des emplois aidés : "J’avais des projets, je m'implique et je suis sanctionnée"
Les associations sportives subissent de plein fouet la diminution des emplois aidés voulue par le gouvernement. Exemple à Sarcelles, dans le Val-d'Oise, où le Club Fédérateur lance un signal de détresse pour pouvoir garder ses jeunes recrues.
C’est le poumon sportif de Sarcelles, dans le Val-d'Oise. L’A.A.S.S. Club Fédérateur regroupe 8 800 licenciés. Créée en 1929, la section omnisports est aujourd'hui, avec 15 clubs, la locomotive des loisirs de la ville. Chaque semaine, plusieurs milliers de personnes fréquentent le complexe sportif Nelson-Mandela, au pied des tours, dans le quartier du grand ensemble de Sarcelles-Lochères. Ici, le dojo de karaté, là, le centre aquatique et à côté le stade d’athlétisme où Myriam Soumaré, championne d'Europe du 200 m en 2010, a couru pendant dix ans "sous nos couleurs", aime à rappeler avec passion Franck Morancy, responsable administratif du Club Fédérateur.
Mais aujourd'hui, les sourires sont ternes. Face à la réduction drastique des emplois aidés, l'association lance un signal de détresse. Ces contrats d'insertion professionnelle sont jugés trop coûteux et pas suffisamment efficaces par le gouvernement. Mais pour les associations sportives, on supprime des courroies essentielles de la vie des cités. "Sur 60 salariés, on a 25 emplois aidés. Et ce ne sont pas des emplois aidés fictifs. On les prend parce que ce sont des jeunes des quartiers qui n’ont pas eu le bac", explique Franck Morancy.
En les embauchant, on leur paye une formation et ça leur permet d’évoluer dans la vie sociale, d’avoir un diplôme de niveau 4, c’est-à-dire un brevet d’État.
Franck Morancy, du Club fédérateur de Sarcellesà franceinfo
Quatre jeunes qui étaient en poste au Club Fédérateur n'ont pas été renouvelés cette année. "Ils sont partis au mois de septembre et ils sont actuellement tous au chômage", se désole Franck Morancy, qui s'inquiète pour une autre jeune qui sera en fin de contrat au mois de décembre. "Il faut qu’on trouve une solution d’urgence."
Un sentiment d'injustice
Cette jeune femme, c'est Steffi. À 25 ans, un BTS d'assistante de gestion en poche, cette passionnée de basket a souhaité se reconvertir dans le sport. Avec son contrat aidé, elle touche un peu plus de 1 000 euros par mois. "Pour une jeune comme moi, c’est beaucoup et ça me permet de rentrer dans la vie professionnelle, dans la vie active en fait", explique-t-elle. Si tout s'arrête demain, "ça chamboule tout", poursuit la jeune femme. "J’avais des projets pour pouvoir continuer dans ce cursus-là. Il y a certaines personnes qui ne bossent pas et qui ne s’impliquent pas mais moi en tout cas je m’implique et je trouve ça irrespectueux que je sois sanctionnée", dit-elle.
Le maire socialiste de Sarcelles, Nicolas Maccioni, estime que la fin des contrats aidés est un abandon supplémentaire des cités. "C’est inadmissible. Ces gens ne font pas rien," tempête l'élu. "Le grand risque, c’est une remise en cause des services publics et de l’État dans nos quartiers prioritaires", redoute-t-il.
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