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Les suppressions de postes à Bercy justifiées par la mise en place du prélèvement à la source : "un alibi du gouvernement" pour la CGT

Jean-Marc Canon, le secrétaire général de la CGT Fonction publique dénonce la justification donnée par le gouvernement pour expliquer la suppression de 5 800 postes au ministère de l'Action et des comptes publics.

Article rédigé par franceinfo
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Bercy, siège du ministère de l'Economie et des finances, le 3 avril 2019. (MANUEL COHEN / MANUEL COHEN)

Le ministère de l'Action et des comptes publics a annoncé mardi 3 septembre la suppression de 5 800 emplois au ministère d'ici 2022 en raison notamment, de la mise en place du prélèvement à la source et de la suppression de la taxe d'habitation. Ces arguments sont "un alibi [du gouvernement] pour poursuivre cette politique de casse de la fonction publique et de dégraissage des effectifs au détriment des missions publiques", dénonce Jean-Marc Canon, le secrétaire général de la CGT Fonction publique, mercredi 4 septembre sur franceinfo.

franceinfo : Le gouvernement avance la mise en place du prélèvement à la source et la suppression de la taxe d'habitation pour justifier les suppressions de postes. Quelle est votre réaction ?

Jean-Marc Canon : On voit bien qu'il s'agit là simplement d'un alibi pour poursuivre cette politique de casse de la fonction publique et de dégraissage des effectifs au détriment des missions publiques. Parce que le ministre ferait bien aussi de rappeler par exemple les ravages de la fraude fiscale : cela coûte plusieurs dizaines de milliards d'euros par an aux dépenses publiques, nous aurions besoin de nombreux agents supplémentaires mais il se garde bien de l'évoquer.

Est-ce vrai qu'avec l'impôt à la source, il y a moins de travail ?

Il faudrait que le ministre puisse le démontrer, ce qu'il ne fait pas. Moi, je suis prêt à débattre avec lui de nombreuses missions. Je parle de la fraude fiscale par exemple mais il pourrait aussi se pencher sur son ministère, après tout. Sur la direction générale de la répression des fraudes et de la consommation, aujourd'hui réduite à l'os. Elle n'a plus que quelques 2 000 ou 3 000 agents pour remplir les missions qui lui sont confiées pour plus de 60 millions de citoyens. Donc il y a plein d'autres missions publiques où il y a des besoins criants, qui mettent à mal la santé et la sécurité de nos citoyens. Et je n'entends pas ce même Gérald Darmanin dire qu'il créera des emplois dans ces administrations qui en ont besoin.

En tout, le gouvernement compte supprimer 15 000 postes dans la fonction publique. Est-ce ce que vous allez dénoncer lors de votre prochaine journée de grève ?

Bien sûr. Nous nous inscrivons pleinement dans la journée interprofessionnelle du 24 septembre. Nous nous voyons demain avec les autres partenaires syndicaux de la fonction publique, nous espérons construire dans les jours, dans les semaines qui viennent, toutes les initiatives nécessaires pour nous faire entendre et pourvoir faire prévaloir des solutions qui soient respectueuses du service public et de ses missions.

N'est-ce pas un peu compliqué de mobiliser pour défendre les agents des impôts ?

Je crois qu'il faut sortir des images de Courteline et des images d'Epinal. Il faut sortir de l'idée que l'agent des impôts serait un tortionnaire, méchant, machiavélique. L'agent des impôts est là pour appliquer ce qu'on lui dit d'appliquer, comme tous les fonctionnaires. Et encore une fois il y a plein de missions, d'écoute. Payer l'impôt, après tout, ce n'est pas quelque chose d'absolument insupportable et on a besoin de contact humain. On a besoin aussi de lutter contre la fraude fiscale. Et je voudrais qu'on sorte de ce mauvais débat et de cette mauvaise image qu'on colle à nos amis des impôts qui remplissent des missions publiques tout à fait essentielles pour le bien de notre société.

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