Pourquoi le gouvernement ne touchera pas au régime des intermittents
Alors que le patronat propose de supprimer le système d'assurance chômage des intermittents du spectacle, Aurélie Filippetti, dénonce une attitude "agressive et scandaleuse".
Le ton monte entre le Medef et le gouvernement. Alors que le patronat propose purement et simplement de supprimer le système d'assurance chômage des intermittents du spectacle, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, dénonce une attitude "agressive et scandaleuse". Francetv info vous explique pourquoi ce régime d'indemnisation plutôt favorable n'est pas près de disparaître.
Parce que la proposition du Medef est trop radicale
La ministre n'y va pas par quatre chemins. La proposition du Medef d'aligner le système d'indemnisation chômage des intermittents et des intérimaires sur celui du régime général a suscité une fin de non-recevoir de la part d'Aurélie Filippetti. Le Medef "veut tuer la culture", juge la ministre de la Culture dans Le Parisien, jugeant que les intermittents "ne sont pas des privilégiés". Le Medef "cherche un bouc émissaire car il est incapable de s'engager sur des contreparties au pacte de responsabilité", poursuit-elle.
Les détracteurs de ce régime spécial mettent souvent en avant le déficit qu'il engendre : 1 milliards d'euros pour un régime concernant 100 000 personnes, contre 4 milliards de déficit pour l'ensemble de l'assurance chômage. Mais pour Aurélie Filippetti, "il faut plutôt parler de 300 millions d'euros, car si on supprime ce système, les intermittents rejoindront le régime général", affirme-t-elle.
"Le plus dommageable dans cette charge frontale du Medef, c’est qu’elle renvoie les partenaires sociaux dans une négociation du tout ou rien", alors que "des propositions relativement consensuelles, comme celle d’un plafonnement mensuel et annuel du cumul allocation-salaires, sont sur la table", relève Télérama.
Parce que les intermittents ne se laisseront pas faire
La réaction des intermittents du spectacle ne s'est pas fait attendre après la proposition du Medef. Une cinquantaine d'entre eux ont occupé les locaux du ministère de la Culture jeudi pendant plusieurs heures. Un message a été lu lors des Victoires de la musique, vendredi soir sur France 2, pour dénoncer "le coup de force" du Medef. Une manifestation est prévue le 27 février, date de la prochaine négociation.
Surtout, les intermittents ont démontré par le passé jusqu'où ils étaient prêts à aller pour défendre bec et ongles leur régime d'indemnisation. Des actions coups de poing (envahissements de plateaux, etc.) sont régulièrement organisées. En 2003, alors qu'un protocole d'accord avait été signé par le patronat et trois centrales syndicales, l'opposition de la CGT et FO avait fait tache d'huile. Des mouvements de grève avaient ainsi provoqué l'annulation de nombreux festivals culturels estivaux à commencer par le festival d'Avignon, les festival Montpellier Danse ou les Francofolies de la Rochelle.
Parce que de grosses entreprises en profitent
Les abus ne sont pas le seul fait de quelques intermittents peu scrupuleux. Certaines entreprises de production audiovisuelle ont fait de ce système un moyen de dépenser moins d'argent. "En maintenant des artistes dans le statut d'intermittents au lieu de les recruter en bonne et due forme, elles utilisent l'assurance chômage pour préserver leurs marges de rentabilité", dénonce Eric Verhaeghe, ancien président de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), dans une tribune au Figaro.
Eric Verhaeghe ne croit pas François Hollande capable de contrecarrer leurs excès : "Il faudrait expliquer au gratin médiatique parisien que les repas aux homards, le Champagne en perfusion et les week-ends au Martinez gentiment financés par le contribuable, c'est fini. Voilà une annonce 'shocking' qui risquerait de troubler le confort de quelques personnalités influentes et de nourrir assez rapidement un Hollande bashing beaucoup plus virulent", prophétise-t-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.