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Sous-traitant automobile GM&S : 277 emplois menacés, une "catastrophe économique"

Selon les informations recueillies par franceinfo, PSA et Renault ont rendez-vous ce mercredi après-midi au ministère de l'Économie afin de discuter de la situation de GM&S Industry. À La Souterraine, dans la Creuse, où est basée le sous-traitant automobile, l'inquiétude est palpable.

Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Laurent Malochet délégué CGT, travaille depuis 27 ans au sein de l'atelier outillage de GM&S. Il pose derrière un outil "dupliqué" par PSA, selon lui, pour pouvoir se passer de son entreprise. (ISABELLE RAYMOND / RADIO FRANCE)

C'est la réunion de la dernière chance pour les salariés de GM&S Industry, le sous-traitant automobile de la Creuse menacé de fermeture dans l’indifférence quasi générale. Selon les informations de franceinfo, Renault et PSA ont rendez-vous à Bercy mercredi 26 avril après-midi. Objectif : les convaincre d’augmenter leurs commandes afin de maintenir l’activité de cette usine emblématique du département. Ces deux constructeurs automobiles sont les principaux donneurs d'ordre de GM&S. 

>> À lire aussi. Les salariés de GM&S en Creuse bloquent une usine PSA à Poissy pour sauver leurs emplois

À La Souterraine, là où est implantée l'usine, personne ne se résout à voir fermer cette usine historique installée sur deux hectares. À l’origine, c’était une fabrique de patinettes pour les enfants. Elle s'est ensuite spécialisée dans l’emboutissage. À son heure de gloire, le site employait 600 salariés et réalisait 60 millions d'euros de chiffre d’affaires. Le nombre d’ouvriers a été divisé par deux et le chiffre d'affaires, par trois.

"Deux jours et demi de boulot par semaine"

En fait, le travail n'a pas cessé de diminuer. "En juillet de l'année dernière, on a arrêté les nuits. On travaillait en trois-huit sur certaines des machines et maintenant on ne travaille qu'en deux-huit. Ça fait deux jours et demi de boulot par semaine", explique, tableau à l'appui, Michel Martin, l’agent de planning de l’atelier de presse. "On ne comprend pas pourquoi, poursuit-il. Il y a des références qui s'en vont et des baisses de charges alors que, en termes de qualité et de délais on nous a toujours dit qu'on était dans les clous".

Michel Martin, agent de planning de l'atelier de presse de GM&S, en avril 2017. (ISABELLE RAYMOND / RADIO FRANCE)

Dans l'usine, un nom revient en boucle. Celui de PSA. Le constructeur automobile représente 70% du chiffre d’affaires de GM&S. Laurent Malochet est délégué CGT et cela fait 27 ans qu'il travaille dans l’atelier d’outillage. Il est persuadé que PSA a fait fabriquer les outils pour pouvoir se passer de son sous-traitant. "Ce sont des bobines de métal qui passent sur une presse. Il y a un dérouleur et, pas par pas, ça sort des pièces, explique Laurent Malochet. Tous les outillages ont été doublés pendant un an pour les mettre ailleurs, soit à l'étranger, soit chez des concurrents."

Comment s'en est-il aperçu ? "Les voitures se vendaient pareil et les commandes diminuaient de semaines en semaines, assure le syndicaliste. Ils ont réussi à nous dire qu'on avait fait de la non-qualité sur des pièces qu'on n'avait pas fabriquées donc on s'en est aperçu."

Une fermeture programmée ?

L'avocat du comité d'entreprise affirme même avoir les preuves que la fermeture de l’entreprise a bel et bien été programmée par PSA. En 2014, Peugeot risquait "d'être bloqué car il dépend, pour partie, de la production de La Souterraine", raconte Jean-Louis Borie. Le constructeur va alors subventionner le rachat de l'entreprise, selon l'avocat, pour se laisser encore un peu de temps : "Il va financer, à hauteur de 4,2 millions d'euros, un repreneur qui va racheter pour 3 euros l'activité de La Souterraine", assure-t-il.

Peugeot a doublé son approvisionnement chez d'autres fournisseurs et a décidé de mettre à mort le site de La Souterraine. Nous avons toutes les preuves nécessaires.

Me Jean-Louis Borie, avocat du comité d'entreprise de GM&S

à franceinfo

Aujourd'hui, faute de commandes suffisantes, le site de GM&S est menacé de fermeture. Si aucun repreneur digne de ce nom n'est trouvé d'ici le 5 mai, la liquidation judiciaire sera prononcée. 277 licenciements sont en jeu.

"Catastrophe économique"

Les ouvriers réclament plus de travail et, comme les donneurs d’ordre font la sourde oreille en réunion, ils le crient sous leurs fenêtres et, la semaine dernière, devant les showroom de PSA et de Renault sur les Champs-Élysées à Paris. Ils ont aussi bloqué l’entrée de l’usine PSA de Poissy, en région parisienne. Il y a eu aussi ces coups de pression du gouvernement avec l'intervention du Premier ministre, Bernard Cazeneuve. En vain. Il y a quelques jours, le groupe Trust a donné un concert à La Souterraine en soutien aux salariés.

Le député socialiste de la Creuse, Michel Vergnier, est désemparé : "Ce dossier me tient particulièrement à cœur", confie-t-il. "L'offre alternative est très faible", selon lui. "Chez nous, tout licenciement est un licenciement avec des espoirs très restreints de retrouver facilement du travail", poursuit le député qui rappelle que GM&S est la deuxième entreprise du département et parle de "catastrophe économique" en cas de licenciements sur un territoire comme le sien.

Michel Vergnier, député socialiste de la Creuse, dans les locaux de GM&S Industry à La Souterraine, en avril 2017. (ISABELLE RAYMOND / RADIO FRANCE)

"Catastrophe économique", la même expression est employée par le maire de la commune, Jean-François Muguet. Il se souvient de cette terrible année 1992, lorsque le fabricant de costumes De Fursac, basé à La Souterraine, a délocalisé la production : "Les costumes, 342 emplois féminins, sont partis en un mois pour se fabriquer en Pologne."

Aujourd'hui, La Souterraine compte plus de 5 000 habitants mais aussi des écoles, une poste, une Maison des jeunes et de la culture (MJC), un centre culturel, des magasins et des restaurants. L'avenir est bien sombre pour cette charmante commune. "Je crois que, pour le tissu économique de notre pays, il faut qu'il y ait une répartition. C'est important que le monde rural continue à vivre. Le mieux possible en tout cas", conclut le maire.

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