: Reportage "Ça ne sert pas à grand chose de claquer tout son salaire dans un logement" : à Dinard, les saisonniers d'été sont logés par la ville dans un internat
Pour les saisonniers de l'hôtellerie et de la restauration, se loger dans les zones touristiques peut s'avérer être un casse-tête. À Dinard, en Bretagne, la région a mis à disposition deux internats de lycée public, inoccupés pendant les vacances.
Gaston Dossin, 20 ans, est arrivé mi-juillet dans l'internat du lycée hôtelier de Dinard, en face de Saint-Malo. "Ça me rappelle mes années lycée, s'amuse le jeune homme, qui a rapidement pris ses marques. Il y a la place de quatre lits et je suis tout seul !" Cet été à Dinard, en Bretagne, les saisonniers comme Gaston sont logés dans les internats de deux lycées publics, vidés de leurs pensionnaires pendant les vacances d'été. Le jeune homme est étudiant en école de commerce et vient de La Baule pour travailler dans un hôtel de Dinard jusqu'à fin août.
"S'il n'y avait pas eu de possibilité de logement, je ne serais même pas venu. Ça ne servait pas à grand chose de mettre tout mon salaire dans un logement."
Gaston Dossin, saisonnierà franceinfo
Les vingt dortoirs du lycée ont été reconvertis en chambre, et dix-huit d'entre elles sont occupées, pour un loyer de dix euros par nuit. Le foyer a été aménagé en salle commune, "avec un canapé et une télé", décrit Gaston, qui se réjouit d'ailleurs de cette première expérience de saisonnier, malgré le confort sommaire de sa grande chambre : "On ne s'encombre pas de choses inutiles, ça me suffit amplement." Johanna Desbois, 40 ans, occupe aussi une des chambres. Si cette habituée des saisons a pu venir en Bretagne, c'est grâce à cette solution : "Si je ne suis pas hébergée, je ne prends pas le travail. J'ai déjà un appartement, je ne peux pas me permettre d'avoir deux logements. Ça arrange les deux parties."
Le logement, la condition sine qua non à l'emploi
Johanna et Gaston travaillent tous les deux à l’hôtel Emeria, classé 4 étoiles, avec thalasso et vue sur la mer. C’est l’établissement qui prend en charge le loyer de 300 euros par mois, ce qui lui permet d'attirer des candidats pour l'été dans un contexte de recrutement encore très tendu. "Pour nous, ça a été une vraie aubaine, reconnaît Bruno Vilt, le directeur de l’hôtel. Notre bassin d'emplois ne nous permet pas de recruter l'ensemble des saisonniers dont on a besoin."
"Aujourd'hui, nous ne pouvons plus ne pas leur proposer de logements. Les places dans le lycée nous sont louées pour une somme très attractive donc, pour le collaborateur, c'est indolore."
Bruno Vilt, directeur de l'hôtel Emeriaà franceinfo
Le dispositif est mis en place par la mairie, en partenariat avec la région qui met à disposition les bâtiments en accord avec le rectorat. Et c'est l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), qui le gère, à travers sa branche logement. Pour Anthony Rambaud, vice-président de la branche restaurateurs de l’UMIH-Côte d’Emeraude, cette solution est un atout : "On se rend compte que c'est 20 salariés en plus, car ces 20 jeunes n'auraient pas pu travailler sur la Côte d'Emeraude. Il y a quatre niveaux dans le bâtiment, donc on pourrait monter à 40 logements, et je pense qu'on arriverait à les combler."
L’expérimentation va coûter 25 000 euros à la ville de Dinard. La commune souhaite pérenniser le système et l’équilibrer. "Dinard, c'est 10 000 habitants mais l'été on passe à 40 ou 50 000 habitants, explique le maire Arnaud Salmon. Si le politique ne trouve pas de solution pour aider à l'embauche, il n'y aura plus de service à la population. Ça permet de maintenir une qualité de service vers la population et vers les estivants." Plusieurs autres projets de création de logements à destination des saisonniers sont dans les cartons de la mairie de Dinard, d’ici 2023.
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