Les États-Unis fermés aux Européens : une décision aux "conséquences dramatiques pour l'ensemble de la filière touristique"
Le président américain l'a annoncé dans la nuit. Il suspend à partir de vendredi tous les voyages depuis l'Europe vers les États-Unis.
Donald Trump suspend tous les voyages depuis l'Europe vers les USA pour un mois pour endiguer l'épidémie de coronavirus. Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme, a jugé jeudi 12 mars sur franceinfo la décision américaine "inquiétante". Elle pourrait avoir, selon lui, "des conséquences dramatiques pour l'ensemble de la filière touristique" dans le monde.
franceinfo : Comment réagissez-vous à décision américaine ?
C'est du jamais vu. C’est extrêmement inquiétant. Cela montre qu'il y a une panique au sein du gouvernement américain. Le tourisme aux États-Unis c'est près de 200 milliards de dollars de retombées économiques, c'est trois fois et demie les recettes que nous avons en France des clientèles étrangères. Cela veut dire que les États-Unis, à eux seuls en termes de recettes du tourisme des étrangers dans leur pays, c'est beaucoup plus que la France, l'Espagne et l'Italie, qui sont trois des cinq pays avec la plus forte fréquentation dans le monde au niveau du tourisme. On voit bien qu'on rentre dans une sphère tout à fait inquiétante avec des conséquences dramatiques pour l'ensemble de la filière touristique, mais aussi pour le transport aérien, qui était déjà relativement en mauvais état avec une perte annoncée des compagnies aériennes de près de 100 milliards de dollars. L'impact sera tout à fait considérable sur l'ensemble de la chaîne touristique.
Au niveau mondial ?
Oui au niveau mondial. Un impact d'abord pour les États-Unis, qui sont quand même la nation avec le plus de retombées touristiques des dépenses des étrangers dans leur pays, pour le secteur français et pour l'Europe en règle générale. Il faut voir que dans les cinq premiers pays dans le monde en termes de flux touristiques, il y a la France, l'Espagne, la Chine, les États-Unis et l'Italie. Et donc, ce sont les cinq pays qui sont visiblement touchés, avec une très forte diminution des flux. Donc, les conséquences seront considérables avec des centaines de milliers d'emplois qui seront touchés. Espérons que cette mesure d'interdiction puisse être limitée dans le temps.
Le secteur du tourisme s'est, rappelons-le, 10% des emplois dans le monde, 10% du PIB. Et s'il y a une diminution de 20% du tourisme mondial, l'impact sera de 0,2% sur le PIB mondial.
Didier Arino, directeur général du cabinet Protourismeà franceinfo
Le tourisme en France, c'est 2 millions entre les emplois salariés et les emplois non-salariés. En Île-de-France, quasiment un emploi sur quatre, un emploi sur cinq est lié au tourisme, à la chaîne touristique. Que ce soit au niveau des transports, au niveau de l'hébergement, de la restauration, des réceptifs. Donc, on voit que le secteur du tourisme est fondamental pour l'économie.
Le secteur du tourisme pourrait-il être durablement touché ?
Ça va mettre à mal un secteur qui allait plutôt bien parce que la croissance mondiale a été, en partie, tirée par le tourisme, avec déjà les Chinois qui représentent 250 milliards de dollars de dépenses. Les Américains, 200 milliards de dollars de dépenses. C'est un secteur extrêmement lourd et fortement pourvoyeur d'emplois. Pour l'instant, les conséquences étaient dramatiques pour des pays comme le Cambodge, comme la Thaïlande. Ça nous paraissait extrêmement loin, mais ça se rapproche. Heureusement que la France dépend fortement aussi du tourisme français et européen. Rappelons quand même que l'an passé, ce sont les Français qui ont sauvé la saison touristique.
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