"Il va falloir plusieurs mois avant que les choses reviennent à un niveau correct" : les palaces parisiens rouvrent et attendent le retour de la clientèle étrangère
Les hôtels de luxe parisiens rouvrent leurs portes après avoir été fermés en raison de l'épidémie de coronavirus. Le taux d'occupation est cependant très faible à cause de l'absence dans la capitale des riches touristes étrangers.
Paris, capitale du luxe. Une image forte de la ville, mise à mal par la pandémie de coronavirus. Alors que leur clientèle fortunée est toujours absente, les palaces parisiens rouvrent leurs portes les uns après les autres en cette rentrée, du Crillon le 24 août et au Prince de Galles qui rouvre lundi 7 septembre. Des ouvertures qui révèlent la situation critique de l’hôtellerie parisienne.
"Voilà la machine !" C’est un drôle d’ustensile que tient à la main Alexandre Germain, directeur de l’entretien au Crillon, célèbre palace parisien qui trône sur la place de la Concorde. "Cela s’appelle un pistolet électrostatique permettant la désinfection. Cela va enrober le moindre virus, trace de bactérie, etc", explique-t-il.
Pistolets électrostatiques, machines de désinfection, procédures de nettoyage lourdes, la sécurité sanitaire coûte cher. Mais pour le Crillon comme pour tous les hôtels de luxe, l’enjeu est primordial s’ils veulent convaincre leurs clients. "L’hôtel pour fin août, septembre, et octobre va avoir pour 10 à 20% de taux d’occupation, indique Vincent Billiard, directeur général du Crillon. Il nous manque une grande partie de nos clients. Il y a une partie hébergement, c’est-à-dire les chambres, où à plus de 70% nos clients sont hors Union européenne. En général, dans les palaces à Paris ce sont plutôt des Américains qui représentent 40% de notre activité. En revanche, la restauration marche aussi bien qu’avant, c’est une bonne nouvelle."
Soutien des propriétaires
"Pour le taux d’occupation, il va falloir plusieurs mois, voire au début de l’année prochaine, avant que les choses reviennent à un niveau à peu près correct", poursuit Vincent Billard. Pour limiter les pertes, les palaces comptent sur la clientèle locale, parisienne ou française, en développant de nouvelles activités : camion glaces ou bar sur le toit pour le Crillon. Au Bristol, à deux pas de l'Élysée, le plus grand jardin d’hôtel de Paris a été refait, le restaurant et le spa affichent complets. Et surtout le chat mascotte, Pharaon, est revenu. "C’était émouvant, un épisode positif dans cette situation un peu difficile, confie Luca Allegri, PDG du Bristol.
Le directeur du palace parisien jongle avec les plannings. L’activité partielle et les congés permettent d’adapter le personnel de l’hôtel aux réservations pour limiter les coûts de fonctionnement. Et comme les autres palaces, il dispose d’un secours bienvenu. "On a aussi la chance d’avoir un groupe qui est derrière nous : la famille Oetker. Donc, on vit cette période un peu plus sereinement", explique-t-il.
"On a évidemment été en activité partielle, explique Laure Pichon, chef de réception au Bristol. Il s’avère qu’on a un groupe qui est très fort et extrêmement solide et qui a permis de maintenir les salaires à 100%. Donc, ça c’est pour l’intégralité des salariés ce qui est conséquent car un hôtel le chiffre d’affaire c’est 50% dédié à la masse salariale."
On se dit simplement qu’on a beaucoup de chance d’avoir ce soutien. Ça nous donne envie d’être encore plus fort et de tout donner pour une réouverture.
Laure Pichon, chef de réception au Bristolà franceinfo
Confiance dans l'avenir
Au Prince de Galles, près des Champs-Elysées, la créativité passe par le labo de pâtisserie du chef Tristan Rousselot : "Cette période a été très propice, on a renouvelé totalement l’offre. On a vraiment recentré sur des choses très essentielles pour avoir un côté très réconfortant, des choses que les gens connaissent."
Les aspirateurs fonctionnent à plein régime pour la réouverture du Prince de Galles lundi 7 septembre. Gérald Krichek, le directeur, rappelle que son hôtel a ouvert ses portes en 1929, l’année du krach boursier : "Ce n’est pas la première que les grandes enseignes et les marques ont vu des crises venir et passer. On voit dans cette crise l’importance de la marque."
Les marques fortes vont toujours perdurer, donc je suis assez confiant. On a un beau futur pour le luxe.
Gérald Krichek, directeur du Prince de Gallesà franceinfo
Appuyés sur leurs noms prestigieux et sur les groupes ou les riches familles qui les possèdent, les palaces parisiens espèrent faire le gros dos sans trop de dégâts, notamment sur l’emploi. Les autres hôtels haut de gamme de la capitale n’ont pas les mêmes atouts. Selon le syndicat professionnel UMIH, un établissement sur deux dans la gamme des 3 ou 4 étoiles est encore fermé à Paris. Comptant sur un tourisme d’affaire qui ne revient pas, certains ne rouvriront pas.
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