Covid-19 : les restaurateurs qui ouvrent malgré l’interdiction "lancent un cri de détresse", souligne l'Umih des Bouches-du-Rhône
Pour exprimer leurs difficultés et protester contre les restrictions liées la crise sanitaire, des restaurateurs ont rouvert leurs établissements lundi.
Alors que le gouvernement a annoncé des sanctions financières contre les restaurateurs qui ouvrent leurs établissements, malgré l'interdiction à cause de la pandémie de Covid-19, le secrétaire général de Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) des Bouches-du-Rhône, Frédéric Jeanjea,n a réclamé sur franceinfo lundi 1er février de la compréhension, car "il faut entendre ce qui est dit dans ce malaise : c'est un cri de détresse que lancent les professionnels", a-t-il estimé.
"Nous n'appelons pas à la désobéissance, mais nous comprenons la détresse, a ajouté Frédéric Jeanjean. Qu'on me dise clairement les choses et qu'on nous dise qu'on en a pour trois mois ou pour six mois pour qu'on ait quand même une visibilité."
franceinfo : Vous comprenez ces restaurateurs qui décident de ne pas respecter les consignes sanitaires et rouvrent leurs établissements ?
Frédéric Jeanjean : Il faut entendre ce qui est dit dans ce malaise : c'est un cri de détresse que lancent les professionnels. On comprend cette détresse, on l'accompagne au quotidien. Ça fait des mois que nous interpellons le gouvernement sur toutes les situations que nous rencontrons, et il faut bien entendre ça. En même temps, on a cette crise qui est là et il faut l'accompagner. Nous n'appelons pas à la désobéissance, mais nous comprenons la détresse.
Nous avons fait des propositions au gouvernement et comme à chaque fois, il faut lever la voix. Il faut crier, et gesticuler pour se faire entendre, pour obtenir une réponse. Ça fait deux mois que nous proposons de rouvrir les terrasses, simplement les terrasses, avec la distanciation sociale, pour que les gens qui mangent dans les rues, sur des bancs dès qu'il y a un peu de soleil ou qui s'agglutinent sur les trottoirs puissent manger dans le respect des gestes barrières et non pas en se regroupant vers un endroit un peu chauffé. On n'a pas de réponse.
Ce que vous voulez, c'est que le gouvernement vous fixe une date, mais pouvez-vous comprendre que cette date, aujourd'hui, personne n'est capable de vous la donner ?
À ce moment-là, qu'on me dise clairement les choses et qu'on nous dise qu'on en a pour trois mois ou pour six mois pour qu'on ait quand même une visibilité. Ça ne va pas durer ad vitam aeternam, cette histoire-là ! Qu'on nous dise : "On en a pour jusqu'à la rentrée, jusqu'au début de l'été". Mais qu'on nous donne des perspectives parce que si vous écoutez les messages qui ont eu lieu, à chaque fois on nous renvoie dans des hypothèses qui n'aboutissent jamais. Donnez-nous un horizon !
Comment pouvez-vous envisager, là où nous travaillons 12 heures par jour, de rester enfermés sans savoir comment on va faire le lendemain ? D'autant qu'on a beaucoup de nos confrères qui ont des difficultés avec ces aides. Elles arrivent bien plus tard que quand il faudrait que nous puissions les utiliser. Par exemple, pour le mois de décembre, on les a reçus fin janvier, mais en attendant, on avait payé nos crédits et nos loyers. Donc, ça pose aussi des difficultés de trésorerie.
Savez-vous si un certain nombre de restaurateurs de votre secteur, dans les Bouches-du-Rhône, devront fermer définitivement à cause de cette crise ?
Il y a des études, on nous annonce depuis le début à peu près 30% [de restaurateurs qui ne rouvriront pas]. Mais, je voudrais quand même tirer la sonnette d'alarme. À l'Umih, on s'occupe des cafés, des hôtels, des restaurants et des discothèques. À la fin de l'année dernière, il y avait 430 discothèques qui avaient tiré le rideau. Ça, on n'en parle pas. On les passe sous silence. Il faut considérer l'ensemble de nos métiers. Dans la restauration, vous avez tous ceux qui font la torréfaction, les brasseurs, les viticulteurs, les éleveurs ou les agriculteurs. Dans l'hôtellerie, vous avez par exemple les blanchisseurs. Vous avez quantité de métiers qui sont impactés. C'est toute une filière qu'il faut considérer.
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