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Bars et restaurants fermés à Marseille : "Mais on est où là ? On manque de vision", s'agace un adjoint au maire de Marseille

"On a besoin d'un gouvernement qui se ressaisisse", insiste Benoît Payan qui demande qu'on ouvre des lits en réanimation plutôt qu'on ferme des bars.

Article rédigé par franceinfo
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Benoît Payan, adjoint au maire de Marseille, le 24 septembre 2020. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

"Mais on est où là ? On manque de vision. On a besoin d'un gouvernement qui se ressaisisse", s'emporte le premier adjoint au maire de Marseille Benoît Payan samedi  26 septembre sur franceinfo. Il réclame l'ouverture de lits en réanimation plutôt que la fermeture des bars et les restaurants de la ville et d'Aix-en-Provence à partir de dimanche et pour une quinzaine de jours, pour enrayer la propagation du Covid-19.

franceinfo : Des restaurateurs et gérants de bars refusent de fermer demain. Allez-vous demander à la police municipale de faire respecter cette mesure ?

Benoît Payan : Je crois que la police nationale a les moyens de son ambition. On est dans un État de droit. On parle de la cinquième puissance du monde. On parle du sens de l'État. Et on demanderait à la police municipale de venir suppléer à la police nationale. La police municipale a beaucoup de missions à mettre en place dans une ville. Le ministre de la Santé Olivier Véran nous a expliqué que c'était comme ça et pas autrement. Il a dit qu'il mettrait les moyens pour pouvoir observer son arrêté. Moi je suis persuadé qu'il va se donner les moyens de son ambition. (…) Il appartient à l'État de faire respecter ses propres consignes, de faire respecter son propre arrêté. Cette mesure est tombée d'un coup avec une violence absolument inouïe et terrible sur un territoire qui avait particulièrement travaillé à la lutte contre le coronavirus. Étant le territoire le plus testé de France, on a eu des taux d'incidence qui sont mécaniquement montés. Un territoire qui n'est pas testé a un taux d'incidence faible. Pour nous, c'est la double peine : on teste, on met en place des dispositifs, et qu'est-ce que ça fait ? Ca fait monter les taux d'incidence. Et qu'est-ce qui se passe ? Le gouvernement tape sur le territoire. C'est très mal fait, c'est très mal foutu cette histoire. Évidemment les restaurateurs, les commerçants, les ERP, les patrons de bars se retrouvent dans une situation absolument improbable, incroyable.

Plutôt que la fermeture des bars et restaurants, quelle mesure préfèreriez-vous ?

Cette situation est la résultante d'un abandon de plusieurs années, de plusieurs décennies de l'hôpital public. On a un hopital public en déshérence à Marseille et la seule réponse du gouvernement, plutôt que de mettre des moyens à l'hôpital, plutôt que d'ouvrir des lits, c'est de fermer des restaurants. Franchement, ce n'est pas à la hauteur de l'histoire. (…) En effet on a des services de réanimation qui certes ne sont pas à saturation mais qui ont vu une augmentation, et c'est normal, des admissions. On a vécu un pic épidémique comme toutes les villes du pays. Nous, avec quelques jours d'avance. On se retrouve donc avec des réanimations qui sont en souffrance. Ce qu'on dit au gouvernement, c'est que la question n'est pas de fermer un restaurant mais d'ouvrir des lits en réanimation. Puisqu'il y a des gens malades, ouvrez des lits en réanimation !

On me dit que ce n'est pas la peine de mettre en place des protocoles sanitaires drastiques dans les écoles, de laisser les cantines ouvertes, de laisser les gymnases ouverts. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que le virus est dangereux dans les restaurants mais pas dans les écoles ? Qu'il est dangereux dans les bars mais pas dans les cantines ? 

Benoît Payan, adjoint au maire de Marseille

à franceinfo

Mais on est où là ? On manque de vision. On a besoin d'un gouvernement qui se ressaisisse.

Vous n'avez pas obtenu le délai de 10 jours que vous demandiez, mais une clause de revoyure dans sept jours. Est-ce tout de même satisfaisant ?

Aujourd'hui, on n'a aucune certitude sur cette clause. C'est un moyen pour le ministre de fermer les négociations en disant qu'on verra la semaine prochaine. Moi, je n'ai pas envie de saluer les gestes quand ce sont des histoires à dormir debout. Nous avons un territoire qui est en train, justement, d'être le seul territoire où une décrue de l'épidémie s'amorce. On ne crie pas victoire, mais ça veut dire que depuis cinq à six jours, c'est le seul territoire de France où on a une décrue, une stabilisation des admissions en réanimation. Puisqu'il nous faut 15 jours pour savoir exactement où on en est, attendons 10 ou 8 jours pour voir exactement ce qu'il en est.

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