La "libération de la haine contre les journalistes" n'épargne pas l'Europe, selon RSF
Il s'agit d'une des "pires menaces contre les démocraties", a estimé mercredi sur franceinfo le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire.
Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, a dénoncé mercredi 25 avril sur franceinfo la "libération de la haine contre les journalistes" mise en lumière par le classement mondial de la liberté de la presse 2018. Ce "phénomène mondial", qui gagne du terrain également en Europe, est "l'une des pires menaces contre les démocraties", estime le responsable de l'ONG. Cette haine a une emprise "de plus en plus forte" et touche tous les continents.
Le secrétaire général de RSF a cité plusieurs exemples des menaces pesant sur les journalistes : aux Philippines, où le président dit aux reporters que "leur qualité de journaliste ne leur fera pas échapper aux assassinats", en Inde, où "des armées de trolls, notamment à la solde du parti présidentiel, s'en prennent de manière (...) très organisée, aux journalistes", aux États-Unis, "où le président utilise des termes qu'utilisait autrefois Staline contre les journalistes".
Très forte dégradation en Europe
Christophe Deloire s'est inquiété de la forte dégradation de la liberté de la presse observée sur le continent européen, et notamment en Europe de l'Est, citant les "insultes hallucinantes" contre les journalistes de la part de dirigeants slovaques, ou encore cette "scène absolument sidérante" en République Tchèque. Le président y a organisé "une conférence de presse avec une fausse kalachnikov dans les mains sur laquelle il était écrit 'pour les journalistes'", a dénoncé le secrétaire général de RSF.
"Sur le continent européen, qui est de loin le continent sur lequel la liberté de la presse est la mieux assurée, la mieux garantie, il y a une dégradation très forte. C'est le continent dont l'indice global s'est dégradé le plus fort cette année", a ajouté Christophe Deloire. Le responsable de l'ONG a pointé la responsabilité des "dirigeants politiques qui s'en prennent aux journalistes".
Ces responsables portent une responsabilité majeure. Ce qu'ils sont en train de préparer, c'est une société de propagande.
Christophe Deloire, secrétaire général de RSFà franceinfo
"C'est vraiment jouer avec un feu politique qui est extrêmement dangereux. Ce n'est pas une réaction corporatiste de notre part. Ça porte atteinte à la capacité des citoyens à avoir accès à une information libre et fiable", a dit Christophe Deloire, pour qui la France n'est malheureusement pas épargnée par ce phénomène.
Selon lui, "ce qu'on sent monter en France, comme dans des pays de l'est de l'Europe, c'est cette animosité, cette hostilité ouverte, et qui ne relève pas simplement de la critique légitime du journaliste. C'est une remise en cause du rôle même du journaliste, de sa légitimité à travailler. C'est un phénomène croissant, massif, et qui est extrêmement inquiétant", a conclu Christophe Deloire.
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