Sur la réserve, les magistrats du tribunal de Bobigny attendent "des actes" de la part de leur nouveau garde des Sceaux
Deuxième juridiction de France après Paris, le tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint-Denis) est emblématique des difficultés budgétaires que traverse la justice. Les magistrats y attendent Éric Dupond-Moretti de pied ferme.
"Je ne fais de guerre à personne". De la robe noire d'avocat au costume sombre de ministre, le premier discours d'Éric Dupond-Moretti était attendu. Le ténor des barreaux a pris ses fonctions de ministre de la Justice, mardi 7 juillet. Éric Dupond-Moretti a dessiné les grands chantiers qu'il souhaite ouvrir. Remise à plat de l'ordonnance de 1958 sur la magistrature, indépendance de la justice, réforme du parquet "tant attendue", accueil des victimes, présomption d'innocence, secret de l'instruction... Si sa nomination a été bien accueillie par les avocats, elle a fait l'effet d'un choc chez les magistrats.
Certes, il a tenu un discours apaisant envers la magistrature, reconnaît Ludovic Friat, juge à Bobigny et représentant locale de l'Union Syndicale des Magistrats. Mais comme bon nombre de ses confrères, il reste sur ses gardes. "Derrière le discours, quels seront les actes posés ?, se demande-t-il. C'est un premier pas, il a dit 'je serai le garde des Sceaux du dialogue', on va le prendre au mot, avec quand même, de notre côté, une certaine réserve par rapport avec tout ce que Me Dupond-Moretti a pu montrer de sa personnalité toutes ces dernières années."
On espère que M. Dupond-Moretti, garde des Sceaux, sera différent de Me Dupond-Moretti.
Ludovic Friat, magistratà franceinfo
Cyril Papon est aussi sur la réserve. Greffier à Bobigny et secrétaire général de la CGT des chancelleries services judiciaires, il ne veut surtout pas se laisser intoxiquer par les belles paroles. "De parler des conditions détestables dans lesquelles travaillent magistrats et fonctionnaires, on attend les actes", affirme-t-il. Selon lui, la priorité est d'allouer des moyens supplémentaires au ministère. "Je ne suis pas très optimiste parce que le budget du ministère de la Justice, cela fait plusieurs années qu'on nous dit qu'il augmente, mais le budget en terme de fonctionnement, ça fait des années qu'il diminue, et ça fait des années que nos conditions de travail se détériorent, déplore-t-il.
On attend de voir ce qu'il est capable de faire pour le budget, après, les grands discours et les belles paroles, on ne tombera pas dans le panneau.
Cyril Papon, greffierà franceinfo
Cyril Papon ne se privera pas d'aller interpeller en personne son nouveau garde des Sceaux dans les couloirs du tribunal pour réclamer une revalorisation des salaires et des postes supplémentaires.
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