Violences faites aux femmes : au commissariat du Mans, un code couleur pour améliorer la prise en charge
En choisissant la couleur orange avant d'entrer dans le poste de police, les femmes victimes bénéficient d'une procédure de protection spécifique qui garantit la confidentialité et accélère le dépôt de plainte.
Un an après le lancement du Grenelle des violences conjugales, Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, récompense jeudi 3 septembre plusieurs initiatives des forces de l'ordre pour améliorer la prise en charge des victimes. L'un des prix sera décerné aux policiers du Mans pour leur système de code couleur renforçant la confidentialité et accélérant le dépôt des plaintes.
"Un gros manque d'intimité"
Il y a quatre ans, Sandrine franchit la porte du commissariat du Mans pour la première fois. L'accueil est bondé. La jeune maman de 24 ans doit alors expliquer, à haute voix, qu'elle vient d'être frappée par le père de sa fille. Elle se souvient d'un "gros manque d'intimité". "On ne se sent pas à l'aise, déjà, de ce qu'on a vécu et en plus de devoir le raconter devant beaucoup d'autres personnes... C'était quand même assez difficile", confie-t-elle.
En janvier dernier, son ex-compagnon récidive et Sandrine appréhende à nouveau l'étape délicate du dépôt de plainte. "J'arrive devant le portail et là, grande surprise, je vois un panneau avec deux couleurs. Au moment de sonner à l'interphone, le monsieur de l'accueil me demande quelle couleur je choisis". La jeune-femme a le choix entre orange et bleu. La couleur orange signifie que l'on a été victime de viol, d'agression sexuelle ou de violence conjugale, la couleur bleue correspond aux autres infractions. Sandrine choisit donc la couleur orange : "Et là, tout de suite, on me place dans une salle isolée avec un policier pour raconter ce qui m'est arrivé".
Victime orange, victime prioritaire
L’avantage de ce tableau d’accueil avec code couleur est "d’identifier rapidement quelles sont les personnes victimes d’infractions sensibles, qui doivent faire l’objet d’une prise en charge personnalisée", indique Emmanuel Morin, le directeur départemental de la sécurité publique dans la Sarthe. Ce système de code couleur, destiné à tous les plaignants et imaginé par le capitaine de police Olivier Menchon, est aussi la garantie d'une plus grande confidentialité.
"À l'accueil, quand vous êtes victime orange, on prend juste votre identité et vous êtes enregistré dans le logiciel d'accueil comme prioritaire, décrit le capitaine Menchon. À aucun moment on n'exprime, que ce soit à l'interphone ou à l'accueil, la raison de sa venue. Il n'y a que dans un bureau fermé avec le policier qu'on va expliquer pourquoi on vient".
Venir dans un commissariat, c'est souvent, hélas, encore une épreuve pour les victimes.
Olivier Menchon, capitaine de police du Mansà franceinfo
Pour Olivier Menchon, l'enjeu "c'est éviter d'ajouter du traumatisme au traumatisme" et faciliter les démarches "avec un système simple, clair, et on évite de faire répéter par la victime le pourquoi de sa venue devant tout le monde". Le choix de la couleur orange n'est sans doute pas lié au hasard. Elle a déjà été choisie par l'ONU mais aussi par des associations pour symboliser les violences faites aux femmes.
Au-delà du prix que Marlène Schiappa lui remettra ce jeudi matin, le policier du Mans propose au ministère de l'Intérieur de généraliser ce système d'accueil des victimes à tous les commissariats.
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