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La police de sécurité du quotidien peut "changer ce rôle du policier dans la société"

Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales a dit jeudi sur franceinfo espérer que les annonces "ambitieuses" sur la police de sécurité du quotidien seront "suivies d'effets". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des policiers patrouillent à Strasbourg (Bas-Rhin), le 20 décembre 2016. (AFP)

Le projet de police de sécurité du quotidien annoncé par Gérard Collomb veut passer d'une police "réactive" à une police "de service tournée vers le citoyen"  a expliqué jeudi 8 février sur franceinfo Mathieu Zagrodzki, docteur en Sciences politiques et chercheur associé au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP) . Selon lui, il s'agit de "changer ce rôle du policier dans la société". Il espère que les annonces "ambitieuses" seront "suivies d'effets". Le chercheur insiste pour que la réforme s'inscrive dans le temps, car selon lui "l'échec supposé" de la police de proximité résulte du fait "qu'on ne lui a pas laissé le temps de se mettre en place".

franceinfo : Le rôle du policer dans la société va-t-il changer ?

Mathieu Zagrodzki : L'ambition est de passer d'une police qui est strictement réactive, qui est dans l'intervention, à une police de service tournée vers le citoyen, à l'écoute des demandes locales, aussi bien de la population que des municipalités. Les annonces sont ambitieuses. On va voir si elles sont suivies des faits. Le but est de changer ce rôle du policier dans la société.

Peut-on s'attendre à un changement pratique et dans combien de temps ?

On est sur des réformes qui vont prendre du temps. On a une culture de la réaction, de l'intervention, qui s'est instaurée dans la police depuis plusieurs décennies. La police française est traditionnellement plutôt axée sur des questions de répression, de contrôles d'identité. Passer à des changements de pratiques en profondeur, cela va forcément nécessiter des efforts de formation et de management assez soutenus et qui s'inscrivent dans le temps. On a critiqué la police de proximité pour son échec supposé. Elle a échoué parce qu'on ne lui a pas laissée le temps de se mettre en place. Ce que je vois d'intéressant dans la démarche entreprise, c'est le fait qu'on laisse du temps à l'expérimentation et à l'évaluation. Ce sont des dimensions importantes.

Est-il crédible d'entendre le ministre dire "fini la politique du chiffre" ?

C'est une question complexe. C'était déjà promis lors du quinquennat précédent. De ce qui est annoncé officiellement et plus officieusement, c'est que les indicateurs de performance vont changer. On ne va plus seulement juger la police sur le nombre d'interpellations ou le nombre d'affaires élucidées. On va aussi prendre en compte la satisfaction de la population et les enquêtes de victimisation menées auprès de la population pour mesurer le sentiment d'insécurité et le nombre d'infractions dont cette population a été victime. Là aussi l'annonce est très ambitieuse. Le ministre a parlé du fait de donner plus de temps pour les enquêtes et pour faire du fond. C'est prometteur mais il faudra voir si cela va se traduire par une application concrète.

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