La fille de l'ancien ministre Robert Boulin assigne l'Etat pour "faute lourde", estimant que l'enquête n'avance pas
Fabienne Boulin-Burgeat demande depuis 40 ans à la justice de faire la lumière sur la mort de son père, ministre gaulliste retrouvé mort noyé dans un étang le 30 octobre 1979. Elle dit n'avoir jamais cru dans la thèse d'un suicide.
La fille de Robert Boulin, ministre retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet (Yvelines) en 1979, assigne l'Etat pour "faute lourde" devant le tribunal judiciaire de Paris, dénonçant le manque d'avancées dans l'instruction, a appris franceinfo jeudi 17 juin auprès de son avocate Marie Dosé, confirmant une information du Monde. Fabienne Boulin-Burgeat accuse les deux magistrats instructeurs de Versailles (Yvelines) de ne "pas travailler" pour faire avancer l'enquête. Elle demande 100 000 euros à l'Etat en réparation du préjudice.
"Une nouvelle information judiciaire a été ouverte il y a six ans, à l'été 2015. Depuis, plus rien. On demande une reconstitution, 25 témoins attendent d'être entendus dont quatre sont déjà décédés", regrette Marie Dosé. L'avocate s'inquiète du fait que "ceux qui restent, quarante ans plus tard, ne soient plus en état d'être entendus".
"Le temps est synonyme de dépérissement des preuves."
Marie Dosé, avocateà franceinfo
Une "affaire emblématique"
Le corps de Robert Boulin avait été retrouvé le 30 octobre au matin, dans 50 cm d'eau dans l'étang du Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines. Immédiatement après sa mort, il avait été annoncé que le ministre du Travail de Valéry Giscard d'Estaing, 59 ans, s'était suicidé après avoir absorbé des barbituriques.
L'affaire avait initialement été classée comme un suicide avant qu'une enquête ne soit ouverte à la suite d'une plainte de la famille en 1983. Cette dernière s'est conclue par un non-lieu en 1991.
En 2015, la justice a décidé de rouvrir le dossier pour "enlèvement" et "assassinat", à la suite d'une plainte de Fabienne Boulin-Burgeat. Elle a toujours soutenu qu'il s'agissait d'un assassinat politique et non d'un suicide. "On parle quand même de la mort d'un ministre en exercice, ça concerne notre histoire, c'est une affaire emblématique", insiste Marie Dosé.
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