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Karting à la prison de Fresnes : "Cette polémique dessert tout le monde", réagit le syndicat majoritaire chez les directeurs des services pénitentiaires

"On peut comprendre, quand des images comme celles-ci ne sont pas expliquées, que les citoyens soient choqués" a déclaré sur franceinfo ce lundi Sébastien Nicolas, secrétaire général du SNP-FO direction, syndicat majoritaire chez les directeurs des services pénitentiaires.

Article rédigé par franceinfo
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Capture d'écran de l'épreuve de karting de Kohlantess au sein de la prison de Fresnes, le 27 juillet.  (CAPTURE ECRAN FRANCE 2)

"Cette polémique dessert tout le monde", a déclaré lundi 22 août Sébastien Nicolas, secrétaire général du SNP-FO direction, majoritaire chez les directeurs des services pénitentiaires. Il était interrogé sur la controverse qui suit l'organisation au sein de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) d'épreuves filmées inspirées de l'émission "Koh-Lanta" au profit d'associations, dont une épreuve de karting. La droite et l'extrême-droite s'en sont indignés. Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a de son côté "ordonné une enquête" administrative sur le sujet.

>> La course de karting à la prison de Fresnes a-t-elle été financée par le contribuable, comme l'affirment des membres de l'extrême droite ?

franceinfo : Est-ce que ce genre d'évènement est fréquent ?

Sébastien Nicolas : Cet évènement-là en particulier est un petit peu hors-normes, mais des activités et des évènements similaires en prison sont très fréquents, pour une raison simple, c'est que la loi nous demande de développer énormément d'activités en prison, parce que la réinsertion ne passe pas que par l'école et le travail, mais aussi par des activités sportives, par des activités éducatives, par des activités culturelles qui ont toutes pour objectif la réinsertion des personnes détenues.

Qui organise ce genre de projet ?

En général, ce sont les directeurs d'établissements et des partenaires qui se rencontrent sur des projets. Évidemment, le directeur doit faire son VRP, en général, quand il prend ses fonctions pour bien connaître le tissu associatif local et trouver des partenaires pour monter ce type d'activités. Parfois, les partenaires se présentent d'eux-mêmes. Ils peuvent aussi nous être signalés par les services pénitentiaires d'insertion et de probation, l'Éducation nationale ou d'autres institutions qui travaillent autour de la prison.

Une fois que le partenaire est trouvé, on s'assure de sa crédibilité. En l'occurrence, l'association Kohlantess [organisatrice de ces épreuves] avait déjà travaillé avec la police nationale, ça avait assez bien fonctionné. De plus, le but de l'opération était caritatif. Vous regardez aussi si l'activité proposée par le partenaire correspond aux objectifs que vous poursuivez : la réinsertion des personnes détenues, la levée de fonds dans un but caritatif, la valorisation de l'image de la prison… Ensuite, vous vérifiez si l'activité est faisable dans un contexte carcéral. Si c'est le cas, on fait valider le projet par la hiérarchie et ensuite on sélectionne les participants. En général, ce sont des détenus qui ont adopté un bon comportement, qui ne sont pas des procédures criminelles, qui ne sont pas prévenus. Ça fait office de récompense pour un public qui en général est éligible aux permissions de sortie, à un certain nombre de facilités parce qu'ils ont fait des efforts de réinsertion nécessaire en détention.

Peut-on se passer du feu vert de l'administration pénitentiaire ?

Cela dépend de l'ampleur du projet. Sur des petits projets, ça reste au niveau de l'établissement et de la direction du service pénitentiaire d'insertion et de probation. Lorsque les projets sont de plus grande ampleur, on peut demander la validation de la direction interrégionale.

Comprenez-vous la polémique actuelle ?

Cette polémique dessert tout le monde. On peut faire dire tout et n'importe quoi à des images comme celles-ci, sorties de leur contexte, sans explication.

"On est dans une logique caritative, ce n'est pas fait comme ça, pour amuser les personnes détenues. Quand on diffuse ce type d'images, il faut être en capacité de l'expliquer, et de l'affirmer, sinon on peut effectivement faire naître des polémiques"

Sébastien Nicolas, secrétaire général du SNP-FO direction

à franceinfo

En même temps, on peut comprendre, quand des images comme celles-ci ne sont pas expliquées, que les citoyens soient choqués, c'est évident. Je rappelle que trois associations ont bénéficié des fonds récoltés à l'occasion de cette manifestation.  

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