Karting à Fresnes : a-t-on vraiment le droit d'organiser un tel évènement dans une prison ?
Des images de détenus de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) participant à des épreuves insipirées de l'émission Koh-Lanta ont créé la polémique après leur diffusion sur les réseaux sociaux. Pourtant, l'événement avait été autorisé par l'administration pénitentiaire ainsi que par la direction de la prison.
La polémique ne décélère pas. Après l'organisation au sein de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) d'épreuves filmées inspirées de l'émission Koh-Lanta au profit d'associations, dont une épreuve de karting, la controverse est toujours vive. Si la droite et l'extrême-droite s'en sont indignés, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a de son côté "ordonné une enquête" administrative sur le sujet, dénonçant des images "choquantes".
Pourtant, cet événement avait bel et bien été autorisé, en bonne et dûe forme L'organisation de cet événement, baptisée Kohlantess a d'ailleurs bien été approuvée par la direction francilienne de l'administration pénitentiaire ainsi que par la direction de la prison. D'ailleurs le directeur de la prison de Fresnes ne s'en est pas caché : il apparaît dans la vidéo et avait aussi posté des photos sur les réseaux sociaux à la fin du mois de juillet, saluant un "moment d'engagement fraternel" lors d'épreuves entre des détenus, des surveillants et des habitants de la ville.
Du côté du ministère de la Justice, on affirme que le cabinet du ministre était aussi au courant de l'organisation de cette journée mais pas des détails, notamment des activités comme la désormais fameuse course de karting dans l'enceinte de la maison d'arrêt.
Pas exceptionnel
Reste une question : peut-on organiser tout type d'évènement en prison ? En premier lieu, il est clair que ces épreuves n'avaient rien d'exceptionnel.
Si la course de karting dans une cour reste probablement une première dans l'histoire des prisons françaises, en revanche, la tenue d'activités entre les murs ou en dehors des murs est loin d'être nouveau. Par exemple, des représentations théâtrales, la présentation de films sont courantes. Des sorties en VTT peuvent avoir lieu, a expliqué pour sa part la contrôleuse générale des prisons à franceinfo. D'ailleurs, la loi prévoit que chaque détenu doit pouvoir avoir accès à des activités. Cela peut être du travail, une formation professionnelle, de l’enseignement ou encore des activités culturelles et sportives.
Mais dans les faits, il est souvent compliqué d'organiser ce type de "sorties", en raison, notamment, de la surpopulation carcérale. L'observatoire international des prisons prend l'exemple du sport : la majorité des détenus ont accès aux installations sportives seulement une à trois heures par semaine.
"Cette polémique dessert tout le monde"
"Cette polémique dessert tout le monde". C'est ce qu'a déclaré Sébastien Nicolas, le secrétaire général du SNP-FO direction, sur franceinfo, lundi 22 août. Selon lui même si cet événement est "un petit peu hors-normes", il a tenu à rappeler que "des activités et des évènements similaires en prison sont très fréquents". Et ce, pour une raison simple : "La loi nous demande de développer énormément d'activités en prison, parce que la réinsertion ne passe pas que par l'école et le travail, mais aussi par des activités sportives, par des activités éducatives, par des activités culturelles qui ont toutes pour objectif la réinsertion des personnes détenues", a t-il précisé.
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