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"Rendre justice est quelque chose d'essentiel" : le procès d'un ancien préfet rwandais s'ouvre à Paris, 28 ans après le génocide

L'ex-préfet rwandais Laurent Bucyibaruta, accusé de génocide et complicité de crime contre l'humanité, comparaît à partir de ce lundi et pour dix semaines devant la Cour d'assises de Paris.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Laurent Bucyibaruta, ici à gauche sur une photo, dans un musée de Nyamagabe, dans le sud du Rwanda. (SIMON WOHLFAHRT / AFP)

Environ 800 000 personnes, au sein de la minorité tutsi, ont été tuées entre avril et juillet 1994. 28 années après le génocide rwandais, l'ancien préfet de l'ouest du pays, Laurent Bucyibaruta, accusé de complicité de crime contre l'humanité et de génocide, comparaît ce lundi 9 mai, et pendant dix semaines devant la Cour d'assises de Paris. Laurent Bucyibaruta, aujourd'hui âgé de 78 ans, est le plus haut gradé jamais jugé à Paris. C'est seulement la quatrième fois qu'un responsable rwandais est face à la justice en France.

Un donneur d'ordre incitant au meurtre

L'ancien préfet supervisait la grande province de l'ouest du Rwanda où les massacres ont été les plus terribles. L'enquête le décrit comme donneur d'ordre, livrant machettes et autres armes, incitant depuis sa voiture, à l'aide d'un mégaphone, la population à tuer tous les Tutsis. L'accusé, toujours selon l'enquête, a ensuite rétribué les exécutants de ces tueries systématiques et massives.

Laurent Bucyibaruta prétend qu'il n'avait alors plus de pouvoir et qu'il ne s'est rendu sur place que dans un but de pacification. Il a fui rapidement à l'étranger et s'est établi dès 1997 en France dans une petite ville de l'Aube. Après quelques mois de prison, il a été placé sous contrôle judiciaire.

"Sur des familles d'une quinzaine de personnes, il en reste deux ou trois qui ont réussi miraculeusement à en réchapper."

Alain Gauthier, président du collectif des parties civiles pour le Rwanda

à franceinfo

Alain Gauthier, qui préside le collectif des parties civiles pour le Rwanda, explique qu'il est "essentiel" que la justice soit rendue, malgré un procès tardif : "Il y a des parties civiles qui ont perdu toute leur famille : leurs mères, leurs pères, leurs frères... Ils ont du mal à expliquer pourquoi ils attendent beaucoup de ce procès."

Au total, une vingtaine de parties civiles, âgées de 40 à 80 ans, livreront au cours du procès leur récit.

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