Enseignant relaxé pour avoir aidé des migrants : "Aider les autres fait beaucoup de bien", témoigne Pierre-Alain Mannoni
Relaxé vendredi par le tribunal correctionnel de Nice, Pierre-Alain Mannoni était jugé pour avoir aidé trois Érythréennes. Avant l'annonce du parquet de Nice, qui a décidé de faire appel, l'enseignant-chercheur a partagé sa satisfaction sur franceinfo.
"Je suis soulagé", a réagi Pierre-Alain Mannoni vendredi 6 janvier sur franceinfo. Cet enseignant-chercheur de 45 ans était jugé par le tribunal correctionnel de Nice pour avoir aidé trois Erythréennes dont une mineure. Alors que le procureur de la République avait requis six mois de prison avec sursis, il a été relaxé vendredi. Pierre-Alain Mannoni a répondu aux questions de franceinfo, avant l’annonce du parquet de Nice qui a décidé de faire appel de cette décision.
franceinfo : Êtes-vous êtes soulagé de cette relaxe ?
Pierre-Alain Mannoni : Je suis soulagé. C’est une décision importante pour moi mais surtout pour toutes les personnes qui aident des réfugiés dans toute la région. Elles s’inquiétaient de voir des personnes poursuivies. Il est intéressant que la présidente du tribunal ait bien expliquée ses arguments. La question de transport (des migrants) n’apparaît pas dans la loi. Transporter quelqu’un pour le soustraire à un danger et pour l’héberger, ce qui est mon cas, n’est pas un acte condamnable.
Si la situation se représentait à nouveau, est-ce que vous le referiez ?
Bien sûr ! Si je ne le fais pas, je risque d’être poursuivi pour non-assistance à personne en danger. Le procureur l’a d’ailleurs dit dans un cas analogue. Il faut aider les gens quand il y a un risque, quand leur intégrité physique ou leur dignité est en danger. Et puis, aider les autres, avoir un geste d’altruisme, fait beaucoup de bien. Les spécialistes de science du bonheur le disent. Je le confirme et je le recommande !
Est-ce la compassion qui a fait que vous avez emmené les jeunes femmes dans votre voiture ?
Dans ce cas particulier, je les ai prises dans ma voiture parce qu’elles étaient blessées, apeurées et qu'elles avaient froid. Elles ne parlaient ni anglais ni français donc la communication se faisait par les sourires et par les mains. La veille, j’avais aidé des Soudanais. C’était des jeunes qui avaient une grande force de vie. Ce sont des rencontres très enrichissantes. On a le droit d’héberger des gens chez soi et c’est écrit noir sur blanc dans la loi. Nous ne sommes pas condamnables. Je comprends que les institutions ne peuvent pas loger les personnes mais il y a des citoyens qui sont prêts à le faire.
Savez-vous ce que sont devenues les personnes que vous avez aidées ?
J’ai appris pendant l’audience que l’Érythréenne mineure a été prise en charge par les services d’aide à l’enfance et les deux autres majeures ont été renvoyées en Italie. C’est terrible car les personnes réessaient de passer la frontière et se mettent en danger. Elles marchent sur le bord de l’autoroute ou se perdent dans la montagne. Ici, c’est dangereux car il y a eu des morts. Il y a 48 heures, en Italie, un migrant a été percuté par un scooter et il est décédé.
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