: Vidéo "Une volonté d'interpeller joyeusement" : on a demandé à une experte de décrypter trois œuvres de JR
L'artiste, connu pour ses collages photographiques, est à l'honneur à la Maison européenne de la photographie à Paris, dans une exposition qui se tient jusqu'au 10 février.
Agnès Varda, Robert De Niro, des habitants de Montfermeil, la frontière américano-mexicaine... L'artiste JR a travaillé avec les plus grandes stars, mais aussi des anonymes. La Maison européenne de la photographie a choisi d'honorer le street artiste le plus connu du monde lors d'une exposition qui condense certaines de ses œuvres, du 7 novembre jusqu'au 10 février 2019.
L'une des deux commissaires de l'exposition, Dominique Bertinotti, ancienne ministre déléguée à la Famille sous François Hollande, contactée par franceinfo, commente les trois œuvres les plus emblématiques du photographe.
Poésie et interactions entre les gens
Une des œuvres les plus connues de JR est cette immense photographie de cet enfant mexicain regardant au-dessus de la frontière avec les Etats-Unis. "JR a pris cet enfant en train de jouer et a posé cette photo là", assure l'experte. Ce chantier a occasionné des rencontres et un grand repas entre Mexicains et Américains. "C'est aussi ça l'œuvre de JR, c'est la mise en synergie de gens qui n'auraient pas idée qu'ils puissent participer à la réalisation d'une œuvre artistique", éclaire-t-elle.
Autre œuvre imposante, la photographie détournée de Guy Bourdin, prise par Agnès Varda. JR et la cinéaste ont collaboré pour le documentaire Visages Villages (2017, présenté hors compétition au Festival de Cannes). Dans ce film, JR utilise la photographie du jeune homme et la colle sur un bunker d'une plage de Normandie. Le corps du garçon s'insère parfaitement sur la structure de pierre. "C'est d'une poésie rare et en plus c'est une œuvre éphémère puisqu'il a juste le temps, pendant la marée descendante, de coller son œuvre", commente Dominique Bertinotti.
"Volonté d'interpeller joyeusement"
La dernière photographie retenue par Dominique Bertinotti est celle du réalisateur Ladj Ly. Prise à l'occasion du tournage du documentaire 28 mm en 2004, elle montre le réalisateur caméra au poing, en train de braquer l'objectif du photographe. "J'ai une de mes élues qui a déboulé dans mon bureau, comme j'étais maire de cet arrondissement, et qui m'a dit : 'Mais comment ? C'est une ode à la violence !' Je lui ai dit : 'Bah est-ce que tu as bien regardé ce qu’il tient dans les mains ?'", raconte l'ancienne maire du 4e arrondissement de Paris, de 2001 à 2012.
C'est, selon elle, le point de départ de l'œuvre de JR. "Toute la déclinaison, de son œuvre, ensuite, quel que soit l'endroit, tient de cette volonté d'interpeller, d'interpeller joyeusement celui ou celle qui regarde ses collages et de dire ce qu'il en pense".
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