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"Tintin au pays des Soviets" : la célèbre BD d'Hergé retrouve des couleurs

Elle n'existait jusqu'à maintenant qu'en noir et blanc : la bande dessinée "Tintin au pays des Soviets" sort mercredi en version colorisée. 

Article rédigé par franceinfo, Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Extrait d'une planche colorisée de Tintin au pays des Soviets (HERGE / MOULINSART 2017)

Cela faisait bien longtemps que l'album avait été délaissé, autant par son auteur que par son éditeur. La bande dessinée Tintin au pays des Soviets sort mercredi 11 janvier en version colorisée (éditions Moulinsart-Casterman). Les pages diffusées à partir de 1929 dans le journal Le Petit Vingtième en Belgique, puis les albums tirés de ces planches, n'existaient jusque-là qu'en version noir et blanc.

Ce Tintin au pays des Soviets est un peu un Tintin maudit. Ces aventures très anti-soviétiques sont restées longtemps politiquement incorrectes. Pour beaucoup, elles n'apparaissent que comme une esquisse de l'art d'Hergé. Philippe Goddin, qui vient de publier Hergé, Tintin et les Soviets - La Naissance d'une œuvre (éditions Moulinsart), n'est pas de cet avis. "Je pense au contraire que tout ce qui est maladresse dans cet album fondateur annonce des choses qui vont faire tout le caractère de l'œuvre d'Hergé dans son style, son langage et son efficacité", explique-t-il.

C'est un album qui, pour certains, est décrié.

Philippe Goddin, auteur de "Hergé, Tintin et les Soviets"

à franceinfo

Même le caractère pamphlétaire anti-soviétique est à relativiser, selon Philippe Goddin. Dans Tintin au pays des Soviets, Hergé ne se focalise pas encore sur le scénario. Il propulse son personnage dans une série de gags. "C'est vraiment une histoire burlesque", conclut Philippe Goddin.

Couverture de la version colorisée de l'album Tintin au pays des Soviets, sortie le 11 janvier 2017 et couverture historique de cette BD (HERGE / MOULINSART 2017)

Près d'un siècle plus tard, l'URSS n'existe plus et surtout ne fait plus rêver personne. D'où cette nouvelle version colorisée par les Studios Hergé à Bruxelles et leur directeur artistique Michel Barreau. Ces couleurs donnent une incroyable profondeur de champ au récit survolté, comme une longue course-poursuite. 

Les couleurs, ça n'a l'air de rien, mais ça rend les cases extrêmement lisibles.

Philippe Goddin, auteur de "Hergé, Tintin et les Soviets"

à franceinfo

Les couleurs ne correspondent pas tout à fait à celles des autres albums. "C'est une gamme légèrement assourdie, comme s'il y avait une pointe de noir dans chacune des teintes", note Philippe Goddin. De "rébarbatif" pour certains, l'album devient ainsi "très lisible".

Le testament d'Hergé respecté

Reste à savoir aujourd'hui si oui ou non le maître aurait souhaité cette colorisation. "Oui", répondent ses héritiers, pourtant très vigilants au respect de l'œuvre d'Hergé. "Il aurait voulu remanier cet épisode, comme les autres", ajoute Philippe Goddin, pour qui cela ne fait pas l'ombre d'un doute : le testament d'Hergé a bien été respecté. 

"Pour faire cet album, on est repartis de la planche originale. C'est donc une qualité de trait incomparable. Les couleurs sont là et elles remplissent la fonction de clarification de l'image", argue-t-il. Et cet avis est partagé par Benoît Peters, grand spécialiste de Tintin, qui vient rappeler qu'Hergé ne voulait pas de nouvel album de son héros après sa mort.

Pour continuer à faire vivre cette œuvre, je crois qu'il n'y avait guerre que cette idée-là !

Benoît Peters, spécialiste de Tintin

à franceinfo

"La colorisation fait redécouvrir cet album longtemps sulfureux. De façon un peu ironique, il vient aujourd'hui marquer l'anniversaire de la Révolution (soviétique) de 1917", ajoute Benoît Peters. Ce Tintin au pays des Soviets en couleurs permet en tout cas de découvrir ou re-découvrir tout ce qui a fait de Tintin une star planétaire : 250 millions d'albums vendus depuis 1929, et encore 600 000 chaque année en France.

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