Exposition Monet à Paris : comment les Nymphéas ont influencé les peintres abstraits américains
"Nymphéas, l’abstraction américaine et le dernier Monet” est une exposition à voir au musée de l’Orangerie à Paris jusqu’au 20 août.
À l’entrée de l’exposition "Nymphéas, l’abstraction américaine et le dernier Monet” au musée de l'Orangerie à Paris, un tableau de Barnett Newmann, The beginning côtoie les Nymphéas bleus de Claude Monet. Le peintre américain, figure majeure de l’expressionnisme abstrait, est sans doute le peintre qui a revendiqué le plus ouvertement l’influence de Claude Monet.
Claude Monet démodé en 1920
Le ton est ainsi donné : l'exposition est là pour rappeler comment les Nymphéas ont eu une influence déterminante sur les peintres abstraits américains des années 1950. À cette époque, cette génération d’artistes a invité critiques et collectionneurs à porter un autre regard sur les Nymphéas. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, les célèbres tableaux de Claude Monet avaient été très mal accueillis dans les années 1920.
Cécile Debray, la commissaire de l’exposition, rappelle le contexte : "On est après la guerre, en pleine période de retour à l'ordre. L'art nouveau est totalement démodé et on perçoit l'oeuvre de Claude Monet comme une sorte d'oeuvre d'un vieillard sénile". Et cela, poursuit la commissaire, "avec une esthétique de la forme très angoissante pour un public qui a été plongé dans les affres de la guerre et qui a besoin de se rassurer avec une figuration très classicisante ou une abstraction très géométrique".
Une sorte de juxtaposition de taches colorées qui évoquent beaucoup l'univers mouvant des reflets de Monet
Cécile Debrayfranceinfo
L’exposition propose des confrontations. Un des Pont japonais de Claude Monet trouve des échos dans un tableau de Jackson Pollock. Ailleurs, on note chez Mark Rothko des points communs avec le maître de Giverny. "Si vous regardez les premières œuvres de Rothko à la fin des années 1940, décrit Cécile Debray, on s'aperçoit que ce jeune peintre se cherche. Il fait des toiles presque tachistes."
Plus loin dans l'exposition, la touche de Philip Guston rappelle étrangement celle des impressionnistes. Son Painting de 1954 a judicieusement trouvé sa place près du saule pleureur peint par Monet en 1920. La démonstration est encore plus frappante avec le canadien Jean-Paul Riopelle, l'un des héritiers de Claude Monet selon le magazine Life en 1957. Le parcours de l’exposition conduit le visiteur jusqu’aux Nymphéas présentés dans leur salles habituelles, des Nymphéas que l’on regarde forcément différemment.
"Dès qu'on est au sein des Nymphéas, si on regarde attentivement les panneaux, on retrouve ce même travail de la couleur, la manière dont il va poser ses motifs comme un élément purement pictural qui va évoquer une fleur si on se recule, analyse la commissaire de l’exposition. Mais dès qu'on se rapproche du panneau on est dans une peinture totalement abstraite". L'exposition est à voir à Paris au musée de l’Orangerie jusqu’au 20 août 2018.
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