Vidéo C’est quoi le "blackface" ?
Un "hommage" pour Antoine Griezmann, un acte de "racisme" pour d’autres. Cette pratique, jugée raciste, remonte au XIXe siècle aux Etats-Unis.
Dimanche 17 décembre, en postant sur Twitter une photo de lui grimé en joueur de couleur noire, coiffé d’une perruque afro et vêtu comme un basketteur de l’équipe des Harlem Globetrotters, Antoine Griezmann s’est vu accusé de "racisme ordinaire". Face aux critiques des internautes, le joueur de l’équipe de France a depuis retiré sa photo et présenté ses excuses en expliquant que pour lui, c’était "un hommage". Mais le "blackface", qui consiste à caricaturer les personnes noires avec du maquillage, est une pratique jugée raciste qui remonte au XIXe siècle.
Du théâtre au cinéma
Il faut remonter en 1828 pour comprendre l’origine de cette coutume. Le comédien blanc Thomas Rice interprète alors le personnage fictif de Jim Crow, un esclave noir paralysé qui travaille dans les plantations du sud des Etats-Unis. Très populaire, ce personnage caricatural devient le surnom de tous les Africains-Américains. Les lois de ségrégations raciales, dès 1876, dans le sud des Etats-Unis, porteront même le nom de "lois Jim Crow". Ce personnage contribuera à l’essor des "ministrel shows" : des pièces de théâtre où des comédiens blancs se griment en noir.
Progressivement, cette pratique sort du théâtre et se répand au cinéma. Pour son film La Naissance d’une nation, le réalisateur américain D. W. Griffith avait par exemple fait appel à près de dix-huit mille figurants blancs, dont la majorité avait utilisé la technique du "blackface" pour jouer des Noirs pendant la guerre de Sécession.
Grâce aux mouvements des droits civiques, le "blackface" sera finalement condamné dans les années 1960.
En France aussi, cette pratique existe
Ce procédé existe aussi en France, comme au carnaval de Dunkerque, dans les soirées étudiantes et même dans les médias. En 2013 par exemple, la journaliste de Elle, Jeanne Deroo, avait déclenché une polémique après avoir posté une photo d’elle déguisée en Solange Knowles, avec une perruque afro et le visage maquillé en noir. En 2016, c’était un chroniqueur de l’émission "C’Cauet", qui avait révolté les internautes en se grimant en noir aux côtés du chanteur Keen’V lors d’une de ses interprétations. Plus récemment, en août dernier, la youtubeuse Shera Kerienski avait posté une vidéo dans laquelle elle apparaissait le visage noirci par du maquillage pour représenter une femme noire. Là aussi, elle avait dû retirer sa vidéo après l’indignation des internautes.
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