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Polémique entre Emmanuel Macron et le général de Villiers : "Dans l'armée, on dit ce que l'on a à dire en privé"

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Article rédigé par franceinfo
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L'ancien général François Chauvancy réagit sur franceinfo mardi à la polémique entre Emmanuel Macron et le général de Villiers qui a critiqué les coupes budgétaires. Selon lui, "la question n'est pas d'avoir plus ou moins d'argent, mais de savoir pourquoi faire".

Le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées, avait exprimé son mécontentement face aux coupes budgétaires devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale. Emmanuel Macron a alors réaffirmé son autorité publiquement le 13 juillet en déclarant "je suis votre chef", une assertion qui visait indirectement le chef d'état-major.

Pour le général François Chauvancy, bloggeur sur lemonde.fr, cette attitude illustre "la mauvaise compréhension d'Emmanuel Macron de la situation". "Même quand on est chef, on doit respecter ses subordonnés", a-t-il ajouté.

franceinfo : Dans une tribune rédigée pour Le Monde, vous estimez qu'Emmanuel Macron a entaillé le pacte de confiance qui lie le chef de l'Etat et l'armée ?

François Chauvancy : Oui, je ne crois pas qu'on puisse faire des remarques si désobligeantes comme celles qui ont été faites indirectement au chef d'état-major des armées. Le général de Villiers s'est largement impliqué dans la reconstruction des armées après les événements et je crois qu'aujourd'hui, il y a des formes à respecter. Même quand on est chef, on doit respecter ses subordonnés. Il y a aussi une mauvaise compréhension de la situation. Le président Macron a été mis dans une situation à laquelle il n'était pas habitué. Dans les armées, le rapport avec le politique est un rapport de confiance, presque viril. On dit ce que l’on a à dire en privé et ça se règle.

Mettre sur la place publique ce qui avait été dit par le chef d'état-major des armées lors d'une audition à huis clos de la commission de la Défense, ça pose problème. La polémique est venue de là.

Le général François Chauvancy, bloggeur sur lemonde.fr

à franceinfo

Il ne faut pas oublier que nous avons une pyramide avec un chef d'état-major des armées qui est notre chef militaire. Quand il est désavoué indirectement et publiquement par le chef des armées, cela pose un problème et il peut y avoir des états d'âme. Même si l'obéissance sera toujours là.

Contestez-vous les coupes budgétaires annoncées ?

La question n'est pas d'avoir des moyens mais plutôt de savoir pourquoi on a des moyens. Je crois qu'on a inversé le problème depuis une semaine. Jamais l'armée n'a demandé de l’argent pour de l'argent. Nous avons une mission qui est d'assurer la sécurité du territoire national et de la population française. Et je crois que depuis 2015, nous avons démontré que les armées étaient nécessaires. Donc la question n'est pas d'avoir plus ou moins d'argent mais de savoir pourquoi faire. Il faut bien définir les missions mais à la date d'aujourd'hui, nous sommes en guerre donc on ne retire pas l'argent qui a été voté par le parlement en cours d'année. Nous sommes dans une logique comptable et la sécurité nationale ne peut pas rester dans cette logique : la menace existe, le monde réarme et nous sommes les seuls à ne pas vraiment le faire. Il faut tenir et trouver l'argent.

L’armée et la Défense en général ne doivent-elles pas participer à l'effort national d'économie qui touche tous les secteurs ?

L'armée participe de manière discrète à la réduction du déficit depuis des années. Il suffit de reprendre tous les articles de presse depuis une vingtaine d’années. L'armée a toujours été mise à contribution, surtout sur ses investissements d'équipement. C'est le seul ministère qui investit sur le futur car justement nous préparons la guerre pour ne pas avoir à la faire. Je suis partisan d'armements moins sophistiqués et peut être plus d'hommes. Nous avons une guerre d'hommes plus que de matériel mais nous avons aussi besoin de changer nos équipements qui ont souvent plus de 40 ans, avec 50% du matériel qui est hors d'usage, en attente de réparation. Au combat, le soldat remplit la mission d’abord, malgré les difficultés matérielles. Donc il faut respecter le soldat car le politique croit un peu facilement que le soldat trouvera toujours des solutions aux coupes budgétaires. Il faut lui donner des équipements car c'est lui qui engage sa vie pour le bien de sa nation.

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