Loi de programmation militaire : un budget en forte hausse, marqué par la guerre en Ukraine
La guerre en Ukraine imprime sa marque sur le projet de budget des armées, en hausse de 118 milliards d'euros sur les sept prochaines années. Le retour en Europe d'une guerre dite de haute intensité, un conflit mettant en jeu la totalité du spectre des armements et forces d'un pays (sa marine, son armée de l'air, ses forces blindées son infanterie et son artillerie), a participé au dimensionnement de la loi de programmation militaire qui arrive en première lecture à l'Assemblée nationale, lundi 22 mai.
>> Que contient la loi de programmation militaire 2024-2030, qui arrive en débat à l'Assemblée ?
Première leçon de cette guerre en Ukraine, et qui trouve sa traduction dans la loi de programmation militaire, il faut pouvoir durer sur le terrain, maintenir en condition opérationnelle les engins déployés, les entretenir, les réparer et leur permettre de voler, de naviguer, de rouler et de tirer pendant des semaines voire des mois. L'un des premiers postes budgétaires de la LPM porte justement là-dessus : 49 milliards d'euros sont en effet fléchés pour le maintien en condition opérationnelle des matériels.
Deux milliards d'euros de munitions par an
Autre gros poste budgétaire : les munitions. Une guerre longue c'est une guerre ou l'on tire beaucoup, tous les jours. Les Ukrainiens tirent 3 000 à 4 000 obus d'artillerie par jour, les russes près de 10 fois plus. 16 milliards sont affectés à l'achat de munitions dans la LPM : plus de deux milliards d'euros par exercice budgétaire, rien que pour les munitions.
Enfin il y a des équipements, qui feraient aujourd'hui défaut à l'armée française si elle devait conduire une guerre de haute intensité, et qui ont cruellement manqué aux Ukrainiens au début de la guerre comme les défenses sol-air ou les drones. La loi de programmation militaire prévoit ainsi un budget de cinq milliards pour de nouvelles batteries anti-aériennes, et cinq milliards de plus pour équiper les armées en drones.
La dissuasion nucléaire coûte très cher
L'outil de dissuasion n'est lui pas directement lié à la guerre en Ukraine, mais constitue une dépense important, les armes nucléaires françaises sont la clé de voute de l'outil de défense et leur budget est faramineux. Un sous-marin lanceur d'engins coûte au moins deux milliards (le chiffre exact est classifié), sans compter les 16 missiles à tête nucléaire qu'il transporte.
La LPM fait aussi la part belle à un renforcement des capacités militaires des outre-mer, notamment en Indopacifique, où les pressions de la Chine motivent l'enveloppe de 13 milliards réservées aux forces d'outre-mer.
Quatre milliards pour la cyberdéfense
On trouve une traduction des leçons apprises en Ukraine sur nombre d'autres postes budgétaires fléchés dans cette loi. Le spatial ou le renseignement, par exemple, sont indispensables pour conduire des opérations de haute intensité, il faut que les forces puissent efficacement communiquer, voire l'ennemi sans être vues par lui - un ennemi qui dispose aussi de ressources spatiales et de renseignements, comme la Russie.
Quant à la guerre dans le monde cyber, c'est bien une "invention" russe. La Russie déploie ses armes aussi bien dans le champ des pures attaques cyber comme la paralysie totale du réseau estonien en 2007, ou la mise à mal de la grille de réseau électrique en Ukraine 2015 à l'aide de virus ou de vers informatique, que dans le secteur de la guerre informationnelle avec par exemple cette tentative d'influer sur le vote américain lors de la présidentielle en 2016. En conséquence, quatre milliards d'euros sont réservés à la lutte et la défense cyber dans cette LPM 2024-2030.
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