Avec le service national universel, Emmanuel Macron "est prêt à dépenser un pognon de dingue pour un service dont la jeunesse ne veut pas"
Jimmy Losfeld, président de la Fédération des associations générales étudiantes, a expliqué, mardi sur franceinfo, a fait part de son opposition au service national universel alors que "c'est bien l'éducation et l'enseignement supérieur qu'il faut financer".
Le Premier ministre Edouard Philippe doit dévoiler, mercredi 27 juin, les contours du service national universel. Un rapport remis au gouvernement et que franceinfo s'est procuré, préconise une première phase obligatoire d'un mois. Mardi soir sur franceinfo, Jimmy Losfeld, président de la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), s'est dit opposé à ce service obligatoire d'un mois, dénonçant notamment le coût du dispositif et son côté "paternaliste".
franceinfo : Êtes-vous toujours opposés à ce service national universel ?
Jimmy Losfeld : Oui, mais au-delà même du fond, on s'oppose à la méthode. Si on partage l'objectif que se fixe l'exécutif, à savoir faire un peu plus de mixité sociale, participer à l'émancipation citoyenne des jeunes. Le problème est que la méthode est très paternaliste. C'est très contradictoire chez notre président de la République parce qu'il a souvent des discours sur l'émancipation, la confiance, mais quand il parle à des jeunes, c'est le côté obligatoire, coercitif, paternaliste qui ressort, à l'instar de l'interpellation de ce pauvre jeune qui a osé l'appeler Manu. Et puis c'est démagogique. Un mois pour faire de la mixité sociale, ça ne me semble pas la bonne méthode. Et pour quelle efficacité ?
C'est mieux que rien, non ?
Mais il n'y a pas rien, il y a l'école laïque, républicaine et obligatoire. C'est à l'école de faire en sorte de participer à l'émancipation des jeunes. La jeunesse n'a pas besoin d'autorité, elle a besoin qu'on l'aide à s'émanciper, et ça passe par des conditions sociales acceptables. Je rappelle qu'on a, dans notre génération, un taux de chômage massif.
C'est un aveu d'échec que de demander à des militaires d'encadrer des jeunes pendant un mois pour leur apprendre les valeurs de la République.
Jimmy Losfeld
Mais surtout, l'élément le plus important, c'est le coût de ce dispositif. Le président de la République dit souvent qu'il n'y a pas d'argent magique, et pourtant il est prêt à dépenser un pognon de dingue, pour ce service dont la jeunesse ne veut pas. Trois milliards d'euros, c'est un milliard de plus que l'argent qu'on met dans les bourses pour les étudiants. C'est énorme.
Pensez-vous qu'il faudrait mettre l'argent ailleurs ?
Exactement, dans les facs, l'éducation nationale, l'hôpital... Mettre trois milliards pour un mois obligatoire dont on n'a aucune idée de l'impact que ça aura sur les jeunes, ça me semble très hasardeux. Si on veut aider la jeunesse à s'engager, il y a aussi des possibilités à l'école et à l'université. On manque de places à l'université, on l'a vu. C'est bien l'éducation et l'enseignement supérieur qu'il faut financer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.