Vignes : la récolte 2021 sera "la plus faible du siècle dernier et du siècle actuel", selon le président national des Vignerons indépendants
"Le changement climatique est là et il faut qu'on s'adapte", constate, fataliste, Jean-Marie Fabre, président national des Vignerons indépendants de France qui estime que les pertes seront autour d'un tiers des récoltes.
Entre gel, grêle ou sécheresse, pour les viticulteurs français, la récolte 2021, qui commence actuellement, s'annonce déjà être "la plus faible du siècle dernier et du siècle actuel", a considéré Jean-Marie Fabre, président national des Vignerons indépendants de France et vigneron à Fitou, au sud du massif des Corbières, dans l’Aude, sur franceinfo vendredi 3 septembre. "Ça ne pouvait pas être pire, en tous cas on n'avait pas vu pire jusqu'à maintenant", juge-t-il.
franceinfo : A-t-on une idée de ce que va être la récolte française cette année au niveau national ?
Jean-Marie Fabre : On sait qu'elle sera la plus faible du siècle dernier et du siècle actuel. Il est encore difficile d'avoir une estimation la plus fine possible car seuls les vignobles méridionaux commencent leurs premières récoltes. On a une estimation malgré tout qui est autour de 30 à 35 % de pertes sur cette année avec les différents aléas, un gel très sévère au printemps qui n'a quasiment épargné aucun vignoble français mais aussi des problématiques de pluviométrie très forte pour les vignobles septentrionaux et de sécheresse très marquée pour les vignobles méridionaux. On voit bien que c'est la récurrence d'aléas, des aléas de plus en plus différents, de plus en plus marqués et qui vont contraindre de plus en plus les hommes et les femmes qui font ce métier dans la réalisation de leur activité professionnelle. Ça ne pouvait pas être pire, en tous cas on n'avait pas vu pire jusqu'à maintenant. Le changement climatique est là et il faut qu'on s'adapte.
Les aides promises à l'époque sont arrivées chez vous ?
Les aides sont dans un panier commun pour toute l'agriculture de manière très transversale. Le gel n'a pas impacté que la viticulture donc il y a un saucissonnage, un gradient d'interventions. Nous espérons en tous cas que l'ensemble des mesures qui, pour la viticulture, vont arriver après nos récoltes, une fois qu'on aura constaté les pertes et les écarts, vont enfin se mettre en œuvre rapidement et à la hauteur des espoirs qui sont les nôtres.
Comment est-ce qu'on s'adapte dans les vignobles ? On change l'endroit où l'on plante la vigne ? On importe de nouveaux cépages ?
Il y a plusieurs méthodes. Elles sont différentes, que l'on soit en zones méditerranéennes ou dans le nord de la France. Il faut prendre en compte l'innovation, la technologie, la capacité à des cépages d'être plus adaptés à des conditions extrêmes.
"Il y a aussi une part de résilience qu'il faut que l'on assume à la fois par du matériel de protection, à la fois par la capacité à s'assurer mais aussi parce qu'aujourd'hui, le point clé dans beaucoup de vignobles français, et ça va le devenir de plus en plus, c'est la maîtrise de l'eau."
Jean-Marie Fabre, vigneronà franceinfo
On voit bien que parfois l'eau fait des dégâts terribles. Il peut passer des millions de mètres cubes d'eau dans certains secteurs à quelques périodes de l'année, qui vont forcément alimenter les océans et les mers et que l'on n'est pas capable de fixer pour rendre plus pérennes l'ensemble des agricultures et la viticulture en particulier. Il faut que nous, en tant qu'exploitants, nous nous adaptions. Mais il faut aussi qu'on nous donne les moyens de pouvoir lutter contre ce changement climatique qui prend plusieurs formes et touche tous les vignobles français.
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