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Vidéo Vins de Bordeaux : grandes étiquettes pour petits crus

Publié
Temps de lecture : 3min
L'oeil du 20 heures - 12 janvier 2022
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions

Les châteaux de Bordeaux figurent parmi les vins les plus prestigieux de France mais attention, tout ne se vaut pas. Ces dernières années, certains grands domaines vendent du vin bon marché sous leur nom prestigieux. Trois d'entre eux ont été condamnés pour pratiques commerciales trompeuses.

Dans le Bordelais, c’est une pratique qui a été épinglée par la justice : un vigneron utilise son nom prestigieux pour vendre un vin à bas prix. Imaginez : un cru très célèbre, le “Château Vingt-Heures”. Avec le même logo, on vend “Le Bordeaux du Vingt-Heures”, qui est en fait un simple vin d’assemblage. Une stratégie marketing jugée trompeuse par certains vignerons.

Vous les avez peut-être aperçues, en cave ou au supermarché : des bouteilles étiquetées “Le Bordeaux de Citran”, de “Maucaillou”, ou de “Larrivet-Haut Brion”, des noms de châteaux réputés dans le Bordelais.

Mais pour Dominique Techer, vigneron et porte-parole de la Confédération Paysanne en Gironde, ces bouteilles-là n’ont de prestigieux que le nom : “ce sont des mélanges de vins qui viennent de n’importe où dans l’appellation de Bordeaux,” explique-t-il. “On accole au vin le nom d’un terroir pour faire croire qu’il a quelque chose de plus : c’est une stratégie de valorisation de vins d’entrée de gamme. Pour moi, c’est de la supercherie.” Au tribunal, il a dénoncé une atteinte à la confiance du public, et une concurrence déloyale.

Pratiques commerciales trompeuses

En quelques mois, la justice a condamné les propriétaires de ces trois vins, pour pratiques commerciales trompeuses. Il y aurait selon les magistrats un risque de confusion entre leurs vins prestigieux et leurs vins d’assemblage. On retrouve en effet les mêmes logos, les mêmes dessin de château sur les bouteilles… même si les raisins du vin d’assemblage ne viennent pas du château. 

Les domaines concernés ont fait appel, la condamnation n’est donc pas définitive. Tous contestent avoir trompé qui que ce soit. Contacté, Denis Merlaut, à la tête du Château Citran, se défend : “on me dit : ‘vous avez vendu 600 000 bouteilles entre 2014 et 2016’. Il y a eu combien de plaintes ? Zéro. Zéro plainte de consommateur !

Aucune plainte… Mais même un revendeur en ligne s’est trompé, en prenant “Le Bordeaux de Maucaillou” pour un vin issu du Château Maucaillou, à Moulis-en-Médoc (Gironde, apellation Moulis)... alors que le vin vient de Baurech (Gironde, appellation Bordeaux), à près de 50 kilomètres. L’avocat du domaine Maucaillou assure pourtant que l’étiquette serait suffisamment claire pour ne pas tromper le consommateur.

"Attirer n’est pas tromper. Le consommateur ne peut pas être trompé, parce que même s’il reconnaît sur un logo le dessin d’une exploitation, il est parfaitement capable, en lisant l’étiquette de savoir s’il a affaire à une appellation Bordeaux ou s’il a affaire à une appellation Moulis."

Me Alexandre Novion, avocat de Pascal Dourthe, propriétaire du Château Maucaillou

à France 2

A Bordeaux, d’autres procédures sont en cours. Concernant les étiquettes, la répression des fraudes n’entend pas mettre de l’eau dans son vin… un vin à consommer, bien sûr, avec modération.

Parmi nos sources : 

Jugements rendus par le tribunal correctionnel de Bordeaux

Procès-verbaux de la DIRECCTE Nouvelle-Aquitaine

"La justice n'en a pas, du tout, fini avec les marques domaniales des vins de Bordeaux", Alexandre Abellan, Vitisphère, 4 janvier 2022.

Charte d'utilisation des marques commerciales reprenant un nom d'exploitation, Fédération des grands vins de Bordeaux

Liste non exhaustive.

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