: Vidéo "Les sangliers de la discorde" : "Pièces à conviction" a suivi des braconniers dans leur équipée nocturne
"On fait ça pour protéger notre exploitation, puisque les chasseurs n'en sont pas capables. Là, on n'est plus en colère, on agit." Excédés par les ravages de sangliers dans leurs champs, certains agriculteurs se mettent hors la loi et s'improvisent braconniers. Deux d'entre eux ont laissé une équipe de "Pièces à conviction" les suivre dans leur maraude.
Dans les campagnes françaises, les tensions montent entre agriculteurs et chasseurs autour d’une crise devenue hors de contrôle : l’invasion des sangliers. Au niveau national, la facture des dégâts qu'ils causent dans les champs aurait atteint 80 millions d’euros en 2019. Une somme à la charge des Fédérations départementales de chasseurs : en échange de leur monopole sur la faune, elles ont l’obligation de rembourser les dégradations liées aux grands gibiers.
Dans les Vosges, avec près de 3 millions d’euros de dégâts, les tensions sont à leur comble. Les agriculteurs accusent les chasseurs de ne pas tuer suffisamment de sangliers. Certains vont jusqu'à prendre les armes et s’improviser braconniers, pour "faire le travail" eux-mêmes. L'un d'eux se justifie ainsi : "On fait ça pour protéger notre exploitation, puisque les chasseurs n'en sont pas capables. On était en colère l'année dernière, il y a deux ans... là, on n'est plus en colère, on agit."
Ils risquent deux ans de prison et 3 000 euros d'amende
Avec l'un de ses amis, il est en route pour une équipée nocturne. Les deux hommes ont accepté d'être accompagnés par des journalistes de "Pièces à conviction". Dans un drap blanc, ils ont enroulé un fusil auquel ils ont ajouté un équipement interdit en France : une lunette de vision thermique. Objectif de cette mission qu'ils se sont donnée et renouvellent près de trois fois par semaine : "Surveiller toutes les pâtures de [leur] secteur, pour les protéger des dégâts de sangliers, qui font des trous dans les prairies pour récupérer des vers blancs."
Au bout d'une demi-heure de route, les deux hommes s'arrêtent devant un champ que les sangliers ont l'habitude de visiter la nuit. Le conducteur dépose son ami et part cacher la voiture un peu plus loin. A l'aide de son viseur infrarouge, le braconnier a repéré les sangliers à l'orée du bois. Il y a des maisons à quelques centaines de mètres, il lui faut rester discret. Dans son viseur, un sanglier de plus de 60 kilos. Le braconnier le touche du premier coup. Il laisse le cadavre sur place, comme un message à l'attention des chasseurs.
Le braconnier se dit conscient des risques qu'ils prennent, notamment d'un point de vue pénal. Même si les deux hommes sont détenteurs d'un permis de chasse, leur action est illégale. Ils risquent jusqu'à deux ans de prison et 3 000 euros d'amende pour braconnage.
Extrait de "Les sangliers de la discorde, la face cachée d'une invasion", une enquête à voir dans "Pièces à conviction" le 16 décembre 2020.
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