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Vidéo Des ruisseaux rayés de la carte ne sont plus protégés des pesticides

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L'oeil du 20 heures - 10 juillet 2019
L'oeil du 20 heures - 10 juillet 2019 L'oeil du 20 heures - 10 juillet 2019
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions

Mais où sont passés tous nos cours d'eau ? Une grande partie des petits ruisseaux ont disparu des nouvelles cartes de l'eau dressées par les préfectures. Les effacer a pour conséquence de ne pas appliquer la règlementation qui interdit l'utilisation de pesticides à proximité de ces cours d'eau.

Pour maintenir une bonne qualité de l’eau, les agriculteurs ont interdiction d’utiliser des pesticides à proximité d’un ruisseau ou d’une rivière. Mais dans certains départements, le préfet a gommé des cours d’eau de la carte ! Et maintenant qu’ils ne sont plus reconnus officiellement, on peut les polluer... en toute tranquillité.

Dans l’Indre-et-Loire, L’œil du 20 heures a trouvé des ruisseaux fantômes. Leur lit passe sous les ponts, mais ils n’existent pas sur la carte des cours d’eau établie par la préfecture. Pourtant, ils apparaissent bien sur la carte de l’Institut Géographique National (IGN), beaucoup plus complète. Mais depuis deux ans, ce n’est plus elle qui sert de référence pour lister les ruisseaux.

3000 kilomètres de cours d’eaux effacés en Indre-et-Loire

Autour d’un fossé qui traverse les cultures, par exemple, il était auparavant interdit d’épandre des pesticides à moins de 5 mètres, de part et d’autre. Aujourd’hui, plus de restriction, car ce point d’eau ne figure plus sur la carte dessinée par le préfet. “Désormais, il est possible de traiter jusqu’à l’aplomb du fossé,” se désole Damien Avril, de l’association écologiste SEPANT. “Lorsqu’il pleut, ces pesticides vont être transférés vers la rivière. Régresser sur ce plan est tout bonnement scandaleux !”  

En tout, ce sont quelques 3000 kilomètres de fossés et ruisseaux d’Indre-et-Loire qui ont ainsi perdu leur statut de zone protégée des pesticides... et plusieurs dizaines de départements seraient dans le meme cas. Dans un rapport qui vient d’être remis aux ministres de l’environnement et de l’agriculture, des experts constatent que la police de l’eau n’a plus toujours les moyens de sanctionner les pollueurs.

Dans certains cas, les agents chargés de la police de l’eau ne peuvent pas constater d’infraction, puisque le morceau de cours d’eau en question n’a pas fait l’objet d’une reconnaissance comme un cours d’eau.

Bruno Cinotti, ingénieur général des ponts, eaux et forêts

à France 2

La pression des syndicats agricoles  

Pourquoi des préfets ont-ils rayé de la carte autant de cours d’eau ? La préfecture d’Indre-et-Loire ne nous a pas répondu. Souvent ce sont les syndicats agricoles qui ont fait pression : tous les cours d’eau protégés, disent-ils, c’était autant de parcelles qu’ils ne pouvaient plus cultiver… avec des conséquences pour l’emploi. “Dans le département, ça va être l’équivalent de 6000 à 7000 hectares retirés de la production,” estime Jean-Yves Chauveau de la FNSEA locale. “Faites le compte : ça fait 50 à 60 emplois en moins !”  

Selon les dernières données nationales, l’Indre-et-Loire faisait partie des départements à la plus forte concentration en pesticides dans l’eau des rivières en 2014. Pas sûr que la nouvelle carte du préfet améliore la situation.  

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