: Vidéo 7 questions très simples sur le réchauffement climatique
Ça changera quoi pour un jeune qui a 20 ans aujourd'hui ? Et nos actions individuelles, elles sont vraiment utiles ? Céline Guivarch, directrice de recherches à l'École des Ponts, CIRED et membre du Haut Conseil pour le climat.
Qu'est-ce qui va changer pour un jeune qui a 20 ans aujourd'hui ?
Céline Guivarch : Par exemple, les événements caniculaires qu'on a connus en 2019 avec des records à 45°C, en 2040 seront à peu près quatre fois plus fréquents qu'aujourd’hui. Pour quelqu'un qui a 20 ans aujourd'hui, quand elle ou il aura 40 ans, en 2040, on sera dans un monde qui se sera réchauffé d'à peu près 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Et quand ce jeune aura 60 ans ?
Céline Guivarch : Selon les réductions d'émissions de gaz à effet de serre qu'on aura faites d'ici là, il pourrait, elle pourrait connaître un monde où on a stabilisé le changement climatique en dessous de 2°C par rapport à l'ère industrielle ou alors on pourrait commencer à atteindre des réchauffements de l'ordre de +3°C, avec déjà des risques élevés de conséquences généralisées sur l'ensemble de la planète, avec des pertes de rendements agricoles, des risques pour la sécurité alimentaire...
Ça dépend vraiment de nos efforts ?
Céline Guivarch : Après 2040, le climat qu'on aura, il dépend très fortement des trajectoires de gaz à effet de serre qu'on aura d'ici là. Et si on regarde toujours l'été en France, on a des projections pour la moyenne des températures sur l'été entre +1°C et +6°C selon les émissions de gaz à effet de serre qui auront lieu d'ici là. Pour les canicules, c'est pareil : d'ici la fin du siècle, on projette une augmentation du nombre de canicules, mais le facteur multiplicatif, il est entre 2 et 10 selon les actions de réduction de gaz à effet de serre qu'on aura faites d'ici là. À 1,5°C de réchauffement planétaire, on a à peu près 250 millions de personnes supplémentaires par rapport à aujourd'hui qui sont exposées à un risque de pénurie d'eau. À 2°C, c'est le double.
On est sur la bonne voie pour y arriver ?
Céline Guivarch : Les émissions mondiales, elles sont encore à la hausse alors qu'il faut un pic et une baisse rapide des émissions. Pour limiter à 1,5°C, les émissions mondiales de CO2 en 2030, elles doivent à peu près être divisées par 2 par rapport à leur niveau de 2010 et atteindre le net zéro en 2050.
Quand le réchauffement climatique va-t-il faire des morts ?
Céline Guivarch : Les vagues de chaleur, par exemple, elles font déjà des morts aujourd'hui et on sait qu'elles sont rendues plus fréquentes, plus intenses ou plus longues par le changement climatique. Il y a d'autres types d'événements extrêmes qui sont aussi rendus plus fréquents ou plus intenses par le changement climatique et qui mettent en jeu des vies humaines, c'est le cas des feux de forêt par exemple, c'est aussi le cas des épisodes de pluie intense. Mais les impacts du réchauffement climatique sur la santé humaine et sur le risque de mortalité, il vient aussi d'autres phénomènes plus lents : les sécheresses et l'impact sur l'agriculture, par exemple.
Est-ce que les actions individuelles sont utiles ?
Céline Guivarch : Les actions individuelles, elles sont possibles et utiles et complémentaires d'actions collectives dont on a besoin pour transformer nos villes, nos infrastructures, les façons dont on produit, dont on consomme, les façons dont on se déplace, nos bâtiments... pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre rapidement. À titre individuel, chacun peut effectuer un bilan de ses émissions et mettre en œuvre des actions pour les réduire. Selon les situations personnelles, les actions les plus efficaces pour réduire ses émissions, ce sera probablement soit de se déplacer moins en voiture et davantage à pied, en vélo ou en transports en commun, soit de manger moins de viande de ruminants, soit de faire isoler son logement, soit d'éviter de prendre l'avion, soit les quatre en même temps.
Peut-on s'adapter au changement climatique ?
Céline Guivarch : S'adapter, ça veut dire être dans une logique de prévention et utiliser les connaissances qu'on a aujourd'hui sur les changements attendus dans les prochaines décennies, anticiper et s'y préparer. Donc concrètement, ça veut dire adapter nos infrastructures et nos villes pour qu'elles soient moins sensibles, moins vulnérables à des pics de chaleur, donc par exemple ramener de la végétation et de l'eau en ville pour avoir un effet rafraîchissant, ça veut dire revoir les plans de gestions des risques de feux de forêt, la gestion de l'eau pour anticiper des tensions fortes sur les ressources en eau, etc. Mais par contre, plus les changements sont importants et plus les changements sont rapides, plus ça devient difficile et coûteux de s'y adapter, jusqu'à un point où ce n'est plus possible.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.