Reportage "Ils vont faire de gros dégâts localement sur les cultures" : appel à la vigilance des autorités françaises face à l'arrivée des scarabées japonais

Des foyers ont été récemment détectés en Suisse, notamment à Bâle, tout près de la frontière avec la France. Un réseau de pièges a été installé dans le Haut-Rhin pour pouvoir les capturer.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un scarabée japonais capturé en Suisse. (BORIS HALLIER / RADIO FRANCE)

Attention au Popillia Japonica ! Dans l'est de la France, les autorités appellent à la vigilance après la détection de foyers de scarabées japonais en Suisse et notamment à Bâle, à la frontière, en juin dernier. Cet insecte qui, comme son nom l'indique, provient du Japon, ne présente aucune menace pour la santé humaine mais s'attaque à la végétation et peut provoquer de gros dégâts dans les cultures. Il est donc sous haute surveillance. Un réseau de pièges a été installé dans le Haut-Rhin à la frontière franco-suisse. Et pour le moment, heureusement, aucun spécimen n'a été capturé.

Depuis le mois de juin, Stéphanie Frey traque le scarabée japonais à Saint-Louis, près de Bâle. Cette inspectrice du réseau Fredon, spécialiste des espèces nuisibles, est chargée de relever des pièges chaque semaine. "Il faut ouvrir cette boîte, qui contient des ailettes et une phéromone qui va attirer l'individu", décrit-elle.

Une trentaine de dispositifs de ce genre ont été installés dans la zone tampon, autour de Bâle, où le foyer a été signalé. "De l'autre côté du terrain de foot, c'est la Suisse. Les terrains de sport, tondus, bien ras, irrigués, sont un milieu très attractif pour la femelle du scarabée japonais, explique Isabelle Maurice, cheffe du pôle inspections à la direction régionale de l'alimentation. Les œufs vont être pondus à cet endroit-là, ils vont se transformer en larves, qui vont pouvoir se nourrir des racines du gazon et ensuite émerger."

Des mesures de lutte "encore pour trois ans"

Heureusement ce terrain de foot est épargné, mais quand ils émergent, les scarabées peuvent parcourir des kilomètres grâce à leurs ailes ou en tant qu'auto-stoppeur, en s'introduisant dans les véhicules. Alors mieux vaut savoir les reconnaître. "Il y a des jolies couleurs : vert, cuivré...", décrit Isabelle Maurice, en manipulant dans le creux de sa main un spécimen transmis par ses homologues suisses. "On le voit bien, c'est la taille du pouce, c'est vraiment très petit, décrit-elle. Son thorax est vert brillant et, ce qui est caractéristique aussi, ce sont ces petits points blancs sur l'extrémité. Ils se regroupent à certains endroits et ils vont faire de gros dégâts localement sur les cultures."

Isabelle Maurice (à gauche), de la DRAAF Grand Est et Stéphanie Frey spécialiste des espèces nuisibles au réseau FREDON. (BORIS HALLIER / RADIO FRANCE)

Maïs, gazon, tilleuls, haricots ou vigne, les nuisances peuvent être importantes. Les Italiens en ont fait l'expérience depuis 2014. "Sur du maïs, les dégâts ne portent pas sur les feuilles, mais sur les soies qui sortent de l'épi, poursuit la spécialiste. Si les soies sont mangées, la fécondation ne pourra pas bien se faire, on n'aura pas un bel épi de maïs."

"Dans le coin, comme il y a une grosse production de maïs, on a aussi beaucoup de vignes, c'est quelque chose qu'il faut prendre au sérieux."

Isabelle Maurice, cheffe du pôle inspections à la direction régionale de l'alimentation

à franceinfo

Pour le moment, le scarabée japonais ne semble pas avoir franchi la frontière, mais la zone tampon reste en place. "Les mesures de surveillance et de lutte, on les a encore pour trois ans." Et les pièges seront relevés jusqu’à fin septembre, avant d'être réinstallés à la saison des éclosions l'été prochain.

Toute personne pensant être en présence d’un scarabée japonais est appelée à opérer un signalement en écrivant et en envoyant des photos si possible à l’adresse suivante : sral.draaf-grand-est@agriculture.gouv.fr (service régional de l’alimentation/DRAAF Grand Est), en mettant en objet : "Signalement Popillia". 

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