Récupération des pneus dans les exploitations agricoles : "C'est un très bon début mais ça va être long"
"Dans les fermes, il y a, à l'heure actuelle, des milliers de pneus qui ne demandent qu'à prendre feu ou à servir de gîte aux moustiques tigre", dénonce l'association Robin des Bois.
Des centaines de milliers de tonnes de pneus sont laissées dans les exploitations agricoles. Leurs résidus, qui jonchent les champs, sont ingérés par les vaches ce qui les rendent malades. C'est le scandale des "vaches poubelles" dénoncé par l’association Robin des Bois en février dernier. Dans une convention signée lundi 15 juillet, les fabricants s'engagent à récupérer les pneus des exploitations agricoles à leur frais. "C’est un très bon début mais ça va être long", a réagi lundi sur franceinfo Jacky Bonnemains, porte-parole de l’association Robin des Bois, signataire de cet accord.
"Dans les fermes, il y a, à l'heure actuelle, des milliers de pneus qui ne demandent qu'à prendre feu ou à servir de gîte aux moustiques tigre", a-t-il dénoncé en soulignant qu’il y a "plusieurs dizaines de milliers [de vaches] par an qui en souffrent ou qui en meurent".
franceinfo : Les pneus dans les champs, c’est vraiment fini ?
Jacky Bonnemains : L’intention est bonne mais au rythme de 15 000 tonnes par an, c’est un accord qui va être réalisé en 20 à 30 ans. Donc c’est un très bon début mais ça va être long. Ils [les pneus] vont être emmenés par tracteurs dans des centres de regroupement dédiés. Ensuite je pense qu’ils seront broyés sur place et puis acheminés par les moyens les plus appropriés vers des cimenteries qui les brûleront en substitution de carburants fossiles comme le fioul ou le gaz.
On parle des pneus qui maintiennent les bâches d’ensilage. À l’origine, ça partait d’une bonne intention ?
Ça partait d’une bonne intention mais aussi d’une bonne filouterie. Les grossistes en pneus parcouraient le territoire, ramassaient dans les garages des pneus usagés et les fourguaient à bas prix aux agriculteurs en leur faisant miroiter effectivement l’utilité de ces pneus en tant que matériau de couverture des bâches d’ensilage. Seulement, là où l’agriculteur en avait besoin de 50, il en prenait par négligence, par insouciance, 100 à 150. Il y a à l’heure actuelle des milliers de pneus qui ne demandent qu’à prendre feu ou à servir de gîte aux moustiques tigre.
Donc cette action n’est pas seulement utile pour lutter contre la maladie qui touche les vaches ?
Cette action, tout à fait bienfaitrice et tout à fait positive qui va durer dans le temps, va servir aux vaches qui ne seront plus menacées par des perforations de leur panse, il y en a plusieurs dizaines de milliers par an qui en souffrent ou qui en meurent. C’est la maladie de la quincaillerie. Parce que les filins d’acier des carcasses de pneus s’envolent, se dispersent et sont ingérés involontairement par les vaches qui n’ont pas les moyens de sélectionner en broutant ou en buvant. Mais cette action va aussi servir à l’intérêt général, parce que les moustiques tigre vont être privés d’un gîte qu’ils adorent. Ça va lutter contre la prolifération des moustiques tigre. Et enfin, troisième avantage, ça va réduire les départs de feu dans les fermes, parce que les pneus sont des sources d’incendies, ou bien alimentent les incendies dans les milieux agricoles.
Il y a le problème des pneus, mais les vaches avalent aussi autre chose ?
Oui, des fils barbelés à cause de clôtures dégradées qui sont mal gérées, faute de temps et de ressources humaines. Mais aussi des canettes, envoyées par les automobilistes par-dessus la vitre dans le champ, ou par les randonneurs. Il arrive aussi que des débris métalliques soient dispersés dans les champs à la suite des inondations. Parfois c’est un problème européen. Il y a par exemple un aéroport privé en Engadine [dans les Alpes suisses, ndlr] qui était près d’une ferme et qui nettoyait ses pistes avec des brosses métalliques à haute vitesse. Les fils de ces brosses étaient éjectés dans les champs et tout le troupeau a été décimé. Donc les sources sont multiples : il y a les débris métalliques, la maladie de la quincaillerie, mais il y a aussi la maladie du plastique. Il y a beaucoup de plastiques coupants qui se retrouvent dans la panse des vaches. C’est normal il y en a dans les cachalots, dans les poissons et il y en aussi dans les vaches. Il faut absolument réduire les incivilités et gérer mieux les plastiques dans les fermes.
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