Les insectes pourraient disparaître totalement dans un siècle
Selon François Letourneux, vice-président du Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature, "il faut le plus vite possible changer de braquet" si l'on veut tenter de sauver les insectes.
Près de la moitié des espèces d'insectes sont en déclin rapide, selon une étude publiée lundi 11 février dans la revue scientifique Biological Conservation. Ils pourraient disparaître totalement dans un siècle. Les chercheurs mettent en garde contre un effondrement catastrophique des milieux naturels, tout comme François Letourneux, vice-président du Comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
franceinfo : La disparition des insectes est-elle inéluctable ?
François Letourneux : Je reste optimiste. J'espère qu'on n'en arrivera pas là et qu'on prendra des décisions rapides. Je ne sais pas si, dans ces conditions, on peut se réjouir du pragmatisme du président de la République sur le glyphosate parce que la disparition des insectes, c'est évidemment les pesticides, c'est les insecticides et c'est aussi les herbicides qui détruisent les milieux dans lesquels ils vivent. Jusqu'à maintenant, on s'est beaucoup occupé des espèces emblématiques, des espèces remarquables et en fait, c'est tout le tissu vivant qui est en train de partir sous nos pieds.
Les insectes ne sont donc pas les seuls concernés ?
La réduction affecte tous les êtres vivants qui sont liés aux insectes, en particulier les oiseaux, les grenouilles qui se nourrissent d'insectes, les reptiles. Tout l'écosystème qui vit autour des insectes. Évidemment aussi les plantes,que les insectes pollinisaient, dont les insectes contribuaient à faciliter la reproduction. Tout cela, ça s'effiloche.
Porto Rico aurait perdu 98% de sa population d'insectes. Est-ce l'endroit de la planète le plus touché ?
En Allemagne, on parle de 80% dans des réserves naturelles. C'est l'effet des zones agricoles voisines qui sont, sans aucun doute, responsables de cet effondrement (...) C'est assez compliqué de mesurer la diminution de la masse des insectes. Un insecte, on le voit plus donc on sait qu'il a disparu. Si je prends le cas des oiseaux en France : l'alouette a diminué de 60%. On voit encore des alouettes. Elles chantent encore mais 60 % de moins qu'il y a 30 ans. C'est pareil pour les insectes, on les voit encore et pourtant il y en a 80% de moins.
Que peut-on faire ?
Arrêter le plus vite possible ce mode d'agriculture qui détruit notre santé et tout le milieu vivant auquel nous appartenons. Ce n'est pas la faute des agriculteurs. On les a engagés avec des prescriptions techniques et des conseils de progrès. Il faut le plus vite possible changer de braquet (...) On n'est plus obligé de nettoyer nos pare-brises. C'est bien qu'il y a moins d'insectes qu'à l'époque où ils obscurcissaient les phares des bagnoles. Maintenant, ce n'est plus le cas.
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