Le marché des terres agricoles est de plus en plus financiarisé au fil des ans
Le "marché des parts de société devrait se développer à l'avenir", selon Loic Jegouzo, ingénieur au bureau d'études de la FNSafer, chargé de mettre en place les politiques foncières publiques. Ce marché non régulé est estimé à 1,1 milliard d'euros.
Le marché des terres agricoles est de plus en plus financiarisé et l'opacité règne sur un certain nombre de transactions, selon le bilan annuel de l'opérateur FNSafer, chargé de mettre en place les politiques foncières publiques.
En moyenne, 55 000 hectares de terres agricoles changent d'usage chaque année et sont utilisés pour l'habitat, les zones commerciales ou les infrastructures de transport, a expliqué Emmanuel Hyest, président de la FNSafer jeudi à Paris, lors d'une présentation jeudi 23 mai. L'équivalent de la surface agricole d'un département disparaît tous les cinq ans et la France a perdu "4 à 5 millions d'hectares de terres agricoles en 40 ans".
"Beaucoup d'élus pensent encore que le développement passe par une consommation de terres agricoles et de la construction", déplore Emmanuel Hyest. Ce dernier imagine un nouveau modèle de développement urbain qui utiliserait les friches industrielles, commerciales ou d'habitat "pour reconstruire, tout en arrêtant d'empiéter sur les terres agricoles".
Une concentration des terres agricoles dans les prochaines années
Concernant la financiarisation croissante du marché des terres agricoles en France, elle est due au développement d'un "marché des parts de société" qui "devrait se développer à l'avenir", selon Loic Jegouzo, ingénieur au bureau d'études de la FNSafer à Paris. Ce marché non régulé est estimé à 1,1 milliard d'euros.
Le foncier agricole est de plus en plus propriété de personnes morales, qu'il s'agisse de sociétés agricoles d'exploitation ou de sociétés d'investisseurs extérieurs, poursuit la FNSafer. Dans le premier cas, il s'agit d'un phénomène vertueux pour favoriser notamment la transmission d'exploitations de parents à enfants. Dans le second cas, il s'agit d'accaparement de biens ruraux par des sociétés qui bénéficient ainsi de défiscalisations sans aucune transparence.
Ce phénomène "accélère la concentration des terres agricoles" et il va s'accentuer à partir de 2020-2030, puiqu'un tiers des paysans doivent partir en retraite durant cette période. Contrairement à l'agriculture paysanne française qui s'est historiquement développée sur le modèle de la ferme familiale propriétaire de ses terres, "il y a une distance de plus en plus forte entre le capital et le travail" et une "diminution du nombre de chefs d'exploitation", selon les Safer.
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