Guerre en Ukraine : "La Russie ne tient pas parole", s'inquiète un agriculteur ukrainien après l'accord sur les exportations de blé
Le scepticisme domine en Ukraine après la signature ce vendredi d'un accord sur les exportations des céréales. Les agriculteurs ukrainiens ont besoin de reprendre la vente de leurs produits, mais ils restent méfiants.
Dans son champ, situé dans l'ouest de l'Ukraine, Vassili caresse du bout des doigts son blé. Il a prélevé quelques grains dans ses champs, et les inspecte de près. La moisson est pour dans quatre ou cinq jours. "S'il pleut, il faut récolter", explique-t-il, en surveillant le taux d'humidité du blé.
Le céréalier, qui détient 250 hectares de blé, d'orge et de soja, ne croit qu'à moitié dans l'accord conclu vendredi entre Kiev et Moscou : "La Russie ne tient pas parole. Il y a des gens affamés dans le monde entier. Ce n’est pas qu’un problème pour nous, les agriculteurs : c’est aussi un problème pour ceux qui veulent acheter !"
Kiev en appelle aux Nations Unies
Avec cet accord, ce sont 20 à 25 millions de céréales (blé, orge, maïs) qui doivent sortir d’Ukraine via trois ports de la mer Noire, dont celui d'Odessa, en l’espace de quatre mois. Les navires sont censés emprunter des corridors sécurisés, guidés par des pilotes ukrainiens. C'est un soulagement pour les agriculteurs qui ne parviennent pas à vendre et à exporter leurs récoltes de l’année 2021, et qui doivent faire de la place pour la récolte de blé de cet été, qui a commencé. Mais l'inquiétude demeure.
"C’est maintenant aux Nations Unies de garantir le respect de l’accord", a lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après la signature du texte. "Tout le monde comprend que la Russie pourrait se livrer à des provocations, à des tentatives de discréditer les efforts ukrainiens et internationaux", ajoute le chef d'Etat.
Que Dieu nous donne la force et l’intelligence d’ouvrir les frontières, parce que tout le monde souffre
Vassili, céréalier ukrainien
Avant la guerre, Vassili exportait sa production dans plusieurs pays d'Europe. Mais depuis février, il n’a plus vendu un gramme de blé. Et il juge indécentes les rares propositions qu’il reçoit : "Les prix qu'on nous propose en ce moment... On se moque des gens qui travaillent !"
"J’espère réussir à semer cet automne… ajoute-t-il. Si Dieu me donne la santé et s’il n’y a pas de bombardement. Mais après, je ne sais pas." Il s'en sort à peu près aujourd'hui parce qu'en marge de sa production, il possède un peu de bétail. Mais dans ces hangars, 300 tonnes de céréales qui patientent, à même une bâche sur le sol ou dans des grands sacs, des céréales stockées là depuis la fin 2021. Plus le temps passe, plus le risque de pourrissement augmente.
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