Gel : "On a tout le mois d'avril à rester vigilant", alerte le président de la gouvernance économique des fruits et légumes
Bruno Darnaud est plutôt "optismiste" concernant les pêches et les abricots, moins pour d'autres fruits comme les prunes.
Bruno Darnaud, arboriculteur dans la Drôme, président de l'AOP "Pêche et abricot de France" et président de la gouvernance économique des fruits et légumes (GEFeL), se déclare "plutôt optimiste" sur l'impact du dernier épisode de gel "par rapport à 2021", mardi 5 avril sur franceinfo. La France a pourtant connu sa nuit la plus froide pour un mois d'avril depuis 1947, de dimanche à lundi. Le Premier ministre Jean Castex se rend d'ailleurs au chevet des arboriculteurs dont les cultures ont été touchées, dans le Tarn-et-Garonne, mardi après-midi.
franceinfo : Les fruits ont-ils particulièrement souffert du dernier épisode de gel ?
Bruno Darnaud : Ils ont souffert un peu mais moins que l'an dernier. Les températures ont été moins basses. On reste vigilants mais plutôt optimistes pour les pêches et abricots. On n'est pas dans la situation de 2021, où les températures avaient été très basses et avec la végétation beaucoup plus en avance. La végétation n'est pas tout à fait en avance par rapport à l'année dernière donc ça nous donne des signes d'espoir. On n'est pas tout à fait dans la même situation parce que dans le Sud-Est, on a plutôt bien maîtrisé cette vague de froid. Le Sud-Ouest semble malheureusement avoir des températures beaucoup plus basses et on est plus inquiet sur certains produits comme la prune; parce qu'elle était vraiment à petit fruit, et on voit déjà des dégâts assez importants.
Cet épisode de gel est-il derrière vous ?
On a encore lutté cette nuit, mais les températures ont été plus clémentes que la veille. On pense que cet épisode se termine puisqu'on nous annonce un radoucissement, mais malheureusement, on a tout le mois d'avril à rester encore très vigilants. On n'est pas à l'abri d'un retour et plus on avance dans les jours, plus malheureusement, nos fruits sont fragiles. On protège de plus en plus les vergers. Les agriculteurs s'équipent en tours éoliennes, en bougies, en irrigation, donc de plus en plus de parcelles sont protégées. Ce qui nous inquiète le plus, c'est l'intensité et surtout la fréquence, puisque ces éléments là on les a connus sur une longue période. Là, ça va faire deux ans de suite, et on nous annonce qu'avec le réchauffement climatique, on pourrait avoir ces évènements deux années sur trois. On s'équipe de plus en plus et on réfléchit aussi à mettre de nouvelles variétés ou espèces, parce que l'on voit bien que certaines ne résistent plus à ces aléas qui deviennent de plus en plus fréquents et intenses.
Le dispositif de calamité agricole va être activé. Qu'attendez-vous d'autre du déplacement du Premier ministre auprès des arboriculteurs dans le Tarn-et-Garonne ce mardi après-midi ?
Déjà, une solidarité rapide. On se souvient que l'année dernière, au niveau des calamités agricoles, l'État est allé très vite. On espère, sur ce phénomène-là, qu'il aura la même vitesse. Surtout, on attend du Premier ministre des annonces financières, parce qu'on sait qu'on a malheureusement des collègues qui ont perdu beaucoup. Il va falloir attendre quelques jours [pour chiffrer les dégâts]. On aura les dégâts de gel mais aussi la nouaison [transformation de l'ovaire de la fleur en fruit].
"On a des arbres assez stressés par des phénomènes qu'ils viennent de subir, et on va voir comment ils vont réagir. On peut avoir de la chute physiologique en plus du gel."
Bruno Darnaud, arboriculteur dans la Drômeà franceinfo
Il faudra vraiment attendre quelques jours pour définir, mais par rapport à 2021, on est plutôt optimistes.
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