Etats généraux de l'alimentation : trois dossiers chauds entre les syndicats et le gouvernement
Emmanuel Macron reçoit plusieurs syndicats d'agriculteurs à l'Elysée, ce lundi 7 août, pour discuter des Etats généraux de l'alimentation.
La journée s'annonce importante dans la poursuite des négociations entre les agriculteurs et l'Etat. Le président de la République, Emmanuel Macron, reçoit la majorité des syndicats d'agriculteurs à l'Elysée lundi 7 août, dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation qui se poursuivent jusqu'en novembre.
Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, ces Etats généraux ont été lancés le 20 juillet afin de repenser la rémunération des agriculteurs et les modèles de production. Un consultation publique, via Internet, ainsi que 14 ateliers thématiques se dérouleront pendant près de quatre mois. Ils doivent réunir les acteurs politiques, économiques et associatifs du secteur, afin de dénouer les principaux points de discorde.
Guerre des prix, transfert des aides européennes et de la politique agricole commune (PAC), investissements dans l'agriculture : autant de dossiers chauds que devront aborder les représentants d'agriculteurs et l'Etat. Franceinfo revient sur trois enjeux principaux de ces négociations.
Un prix "juste" pour les agriculteurs
La rémunération des agriculteurs est l'un des points-clés de ces Etats généraux de l'alimentation. Les producteurs dénoncent des rémunérations trop faibles pour vivre de leur activité et réclament des prix "justes" face aux acteurs de la grande distribution et de l'industrie agroalimentaire. L'atelier n°6, intitulé "Rendre les prix d'achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs", entend répondre à ce problème. La Fédération nationale des producteurs de lait a néanmoins dénoncé, vendredi 4 août, un atelier co-présidé "par une multinationale de l’agroalimentaire (Danone) et la grande distribution (Système U) !".
Selon la Mutualité sociale agricole, en 2015, 30% des agriculteurs français avaient un revenu équivalent à 354 euros par mois. Ils étaient moins de 20% dans cette situation en 2014. Le Huffington Post relève également que près de 20 000 petites exploitations menacent de faire faillite en 2018, du fait de revenus très faibles. La France compte d'ailleurs de moins en moins d'agriculteurs : en vingt ans, avance l'Insee, le nombre d'exploitations agricoles a baissé de plus de la moitié. Ce sont 200 fermes qui disparaissent chaque semaine.
Vers un "plan Marshall" agricole ?
C'était l'une des promesses phares d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle : le candidat proposait en février"un plan d'investissement, sur cinq ans, de 50 milliards d'euros, dont cinq milliards d'investissement agricole qui permettront à nos paysans de produire mieux et de se moderniser".
Les syndicats agricoles, à l'instar de la Confédération paysanne, entendent rappeler ses engagements au chef de l'Etat. La Coordination rurale appelle, quant à elle, à la mise en place d'un véritable "plan Marshall" pour l'agriculture.
Le transfert d'aides européennes en question
Il s'agit d'un autre point de discorde important entre les agriculteurs et le nouveau gouvernement. Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, a annoncé vouloir modifier l'attribution des aides européennes aux producteurs français. Selon RTL, 4,2% du premier pilier de la PAC, qui représente 80% de son budget et dédié aux aides directes à la production ainsi qu'à la régulation du marché, sera transféré au deuxième pilier, lui consacré au développement rural, à l'installation des jeunes exploitants, au soutien des agriculteurs en zone difficile et à la bio.
Des aides insuffisantes, selon la Fédération nationale d'agriculture biologique, qui dénonce "un manque criant de courage politique face à l'agro-industrie et l'agro-chimie". Le secteur bio est en plein développement en France, où le nombre de conversions a augmenté de 17% en 2016. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles parle quant à elle d'un "hold-up inacceptable sur les soutiens à l'agriculture", rapporte RTL.
L'évolution des aides européennes préoccupe d'autant plus que la future PAC, qui entrera en vigueur après 2020, reste encore incertaine. Au cœur des inquiétudes, la sortie du Royaume-Uni, puisque le Brexit devrait engendrer un déficit de dix milliards d'euros pour l'Union européenne, rappelle La France agricole.
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