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Manifestation des éleveurs laitiers devant Lactalis : "J'ai envie de tout casser"

Depuis le 22 août, des producteurs laitiers manifestent devant le siège de l'entreprise Lactalis, le premier groupe laitier mondial. Sur place, à Laval, en Mayenne, la colère gronde. 

Article rédigé par franceinfo
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Philippe Jehan, le président de la FDSEA, installe une affiche devant le siège de Lactalis.  (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

"Je ne comprends pas qu'il n'y ait pas plus de dégâts, parce que si on reste comme ça, on va tous mourir les uns avec les autres, explique Thierry, au micro d'Europe 1, j'ai envie de tout casser, je suis prêt à ça." L'éleveur laitier, venu participer à la manifestation devant l'entreprise Lactalis à Laval (Mayenne), raconte : "En deux ans, j'ai perdu 90 000 euros, il y en a ras-le-bol."

Un discours de révolte, révélateur du désarroi des producteurs de lait, confrontés à une crise sans précédent dans leur secteur. Objectif de leur protestation ? Négocier une revalorisation du prix du lait, qu'ils jugent trop bas, avec le premier groupe laitier mondial.

Dans la matinée du 23 août, ils étaient encore une trentaine d'éleveurs laitiers à manifester, "essentiellement des agriculteurs de la Mayenne", souligne Jérôme Landais, agriculteur à Saint-Denis-d'Anjou et secrétaire général de la FDSEA, selon Le Courrier de la Mayenne. Bien décidés à poursuivre leur action dans les jours à venir, ils ont passé la nuit devant le siège de l'entreprise. "Quand on ne sera plus agriculteurs à cause d'eux [les industriels], on aura le temps de dormir", explique à France Info l'un des éleveurs présents. 

"Nous, on est dans le cimetière"

"Tous les jours, on va voir nos comptes et tous les jours, c'est dans le rouge, témoigne Florence, une jeune agricultrice sur Europe 1. Il y a des fois, on se lève le matin, on pleure. Les quotas sont partis, nous, on est dans le cimetière." 

Sur de nombreuses affiches, installées sur les camions et tracteurs devant l'entreprise, on pouvait lire : "Éleveurs à bout. Il faut lait sauver" ou encore "Notre métier a un prix".

Une femme sur un tracteur, devant la siège de Lactalis, à Laval (Mayenne), le 22 août 2016.  (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Cindy cumule 60 000 euros de dettes. "Cela fait peur", confie la jeune agricultrice, installée depuis moins de cinq ans. "Avant de poser le pied par terre le matin, on a déjà perdu 300 euros". En Mayenne, premier département laitier de France avec le Finistère, environ 80% des 3 200 exploitations laitières sont en grande difficulté, affirme la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA). 

Des jeunes arrêtent, certains se suicident. Si la situation n'évolue pas d'ici décembre 2016, ça va faire très très mal.

Cindy

Europe 1

Le porte-parole du leader mondial du lait a réagi sur Europe 1. Mardi 23 août, Michel Nalet a affirmé que Lactalis était "prêt à ouvrir les discussions", tout en affirmant :  "Le sujet n'est pas de quelques euros, le sujet est d'essayer de trouver la porte de sortie de cette crise laitière." Selon les organisations syndicales, Lactalis paye actuellement 256 euros les 1 000 litres de lait à ses producteurs, soit un prix de 10 à 30 euros inférieur à ce que paient ses principaux concurrents. Les éleveurs réclament, eux, un prix d'achat situé aux alentours de 340 euros. 

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