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Confinement : "Le manque à gagner est terrible" pour le secteur du vin, alerte le président de la Confédération des vignerons indépendants

Jean-Marie Fabre estime qu'avec la fermeture des bars et des restaurants, c'est environ un tiers de commercialisation en moins pour les vignerons. 

Article rédigé par franceinfo
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Le salon des vignerons indépendants en novembre 2016.  (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

Comme lors du premier confinement, la filière du vin français subit les conséquences de la fermeture des bars, hôtels et restaurants"Cela représente à peu près 30% de la commercialisation de nos entreprises. Donc, ce manque à gagner est terrible", explique sur franceinfo jeudi 19 novembre Jean-Marie Fabre, président de la Confédération des vignerons indépendants. Même si l'activité viticole continue, il s'inquiète également de "l'annulation de tous les salons grands publics", et des difficultés à l'export.

franceinfo : L'arrivée du Beaujolais nouveau est un peu bousculée cette année en raison de la crise sanitaire, comment s'organise la filière du vin ?

Jean-Marie Fabre : Ça aurait dû être un moment incontournable, un moment festif avec une portée internationale puisque pour les primeurs, le Beaujolais nouveau marque globalement le début de la campagne commerciale de millésime. Et c'est la mise en lumière dans le monde entier de la production viticole française. On espère que cette soirée se passera bien malgré tout, et que les gens auront à cœur de continuer à faire ce qu'ils font depuis déjà quelques mois et qu'ils avaient déjà fait au printemps. C'est-à-dire partager des apéros en visio, partager des moments festifs avec un autre cadre évidemment, continuer le "click and collect". Malgré tout, forcément, ce ne sont que des palliatifs qui viennent compenser pour partie. Mais on est quand même très, très loin du business et de la commercialisation habituelle.

Les cavistes restent ouverts, tout comme les rayons alcool des supermarchés, le vin est considéré comme un produit essentiel. Parvenez-vous à évaluer les conséquences de la fermeture des bars et des restaurants sur votre activité ?

Oui c'est très clair, nous avions malheureusement déjà fait l'expérience au printemps dernier. La commercialisation via les cafés, hôtels, restaurants et bars, c'est à peu près 30% de la commercialisation de nos entreprises. Donc, ce manque à gagner est terrible. Heureusement que derrière ça il y a une continuité avec les cavistes qui sont nos relais, nos partenaires, ainsi que dans les rayons de la grande distribution, la vente par e-commerce et à emporter. Mais il y a aussi l'annulation de tous les salons grands publics. Ce sont des moments privilégiés, surtout pendant la période d'avant les fêtes, de novembre à décembre. On ne sait pas quand les salons professionnels ou particuliers pourront reprendre. On voit aussi qu'une partie de l'export a repris, mais qu'une autre partie est encore confinée. Nous sommes en grande difficulté sur le marché américain. Or l'export, c'est un peu plus de 28% pour les vignerons indépendants. Tout ça amène énormément de tensions. Et nos entreprises ont beau être résilientes, elles ont énormément de charges.

Est-ce que les aides du gouvernement sont suffisantes ?

Les aides doivent être des dispositifs qui permettent de passer ce moment difficile. Jusque-là, les outils de gestion de crise qui avaient été mis en œuvre pour gérer le marché étaient plutôt les bienvenus, même s'ils ont mis du temps à se mettre en place. Maintenant il faut aller très vite sur l'allègement des charges. Nos entreprises ont énormément de charges, elles emploient beaucoup de monde, ce sont les premiers employeurs du secteur agricole français. Et dans cette période, on travaille sur du vivant. Et la nature ne se confine pas. Donc, on a peu de possibilités de diminuer les coûts de production, quand bien même nous ne commercialisons pas. Donc, oui, les dispositifs sont là, mais parfois pas suffisants. En tout cas pas toujours adaptés au secteur viticole.

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