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"En hiver, on fait croire à la chèvre qu'on est en été" : quand des agriculteurs bio bousculent les cycles de la nature

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Alimentation bio : les producteurs respectent-ils les cycles de la nature ?
Alimentation bio : les producteurs respectent-ils les cycles de la nature ? Alimentation bio : les producteurs respectent-ils les cycles de la nature ? (FRANCE 2)
Article rédigé par France 2 - C. Mazoyer, O. De Vellis, STP Productions, L. Lavieille
France Télévisions
France 2

Afin de trouver des quantités suffisantes de produits bio au meilleur prix, les distributeurs s'adressent à des producteurs. Ces derniers respectent le cahier des charges bio, mais pas toujours les cycles de la nature.

Biocoop est un pionnier du secteur de l'agriculture biologique. En visite dans un tout nouveau magasin à Annonay (Ardèche), le président de l'enseigne, Pierrick de Ronne, assure que l'entreprise respecte la nature et les saisons. Mais Biocoop tient-elle ses promesses ? Pour le savoir, les équipes de France Télévisions ont enquêté sur une bouteille de lait de chèvre bio vendue par l'enseigne. Le lait est produit sur le plateau du Larzac. 

Philippe Jousserand est éleveur de chèvres bio. Pour que ses chèvres puissent mettre bas aussi pendant l'hiver, il a installé, dans sa bergerie, des néons. "On allume le bâtiment le matin de 6 heures à 9 heures, et le soir 22 heures jusqu'à minuit, pendant 90 jours, explique l'éleveur. C'est simplement de l'éclairage qui doit être capté par l'œil de la chèvre. On lui fait croire qu'en plein hiver, on est en fin d'été." L'homme y voit une nécessité économique pour un chiffre d'affaires suffisant.

Un lait mieux rémunéré en hiver

Il est difficile d'imaginer que Biocoop ignore cette pratique de production déconnectée des saisons. Philippe Jousserand fait partie d'un groupement de producteurs et Biocoop assiste à chacune des assemblées générales. Il vend son lait à un transformateur, dans lequel Biocoop a investi.

En été, le lait est acheté 75 centimes le litre, contre 90 centimes en hiver. Les producteurs ont donc tout intérêt à produire hors saison, et tant pis si, dans sa charte, Biocoop garantit le respect de la saisonnalité. "Pour la question des laits, ce n'est pas encore un engagement de Biocoop, et je souhaite que ça le devienne", se défend Pierrick de Ronne. 

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