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Agriculture : les gendarmes renforcent la prévention face à la recrudescence des vols dans les exploitations

Animaux, véhicules, ou encore produits phytosanitaires font partie des cibles privilégiées des cambrioleurs.

Article rédigé par Mathilde Lemaire - édité par Julien Pasqualini
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les gendarmes demandent aux agriculteurs de ne rien laisser traîner dans leurs exploitations afin d'éviter les cambriolages.  (CHEVALLIER C?CILE / MAXPPP)

C'est une première au Salon de l'agriculture qui se tient en ce moment porte de Versailles à Paris : jusqu'alors, la gendarmerie se contentait d'y tenir un stand mais cette année des gendarmes y font comme des patrouilles. Ils ont une mission : la prévention pour tenter d'enrayer la recrudescence de vols dans les exploitations agricoles. Cela va du simple vol de poule au vol en bande organisée de matériel valant plusieurs milliers d'euros.

Le reportage de Mathilde Lemaire

Philippe Duhoux, éleveur de volailles bio à Sablons-sur-Huisnes, dans l'Orne, en a fait les frais. Il a dû appeler deux fois les gendarmes ces derniers mois à cause de vols. "Souvent c'est la nuit, témoigne-t-il. Une fois ils sont venus nous vidanger une cuve de fuel, au moins 200 litres. Ils ont pompé, avec des bidons, ils ont fait des navettes. Et puis dernièrement dans les bâtiments d'exploitation, on nous a volé les trousseaux de clés des voitures, un chargeur de batterie, un extincteur. Les fermes sont des cibles parce que c'est toujours ouvert. Vous avez des accès partout, par les chemins." 

Il y a même des gens qui se sont fait voler des bovins. Ils les ont carrément dépecés, ils ont pris la viande directement sur les animaux.

Philippe Duhoux, éleveur

à franceinfo

Des vols d'huile d'olive par cuve entière, des vols de piquets de vigne, de barrières en métal... Les exemples inattendus ne manquent pas. Ces derniers mois, on note également une importante hausse des vols de GPS professionnels, des GPS ultra précis mesurant au centimètre près, qui servent par exemple pour les semis de céréales. Ils coûtent entre 2 000 et 15 000 euros. Quelque 600 ont été volés dans des fermes en 2018. Là, il s'agit souvent de bandes organisées, avec des filières de revente à l'étranger. C'est de la criminalité de haut-niveau.

Prendre des précautions de bon sens

En réponse à cette recrudescence, la gendarmerie fait de la prévention lors de réunions publiques. En ce moment au Salon de l'agriculture, des spécialistes vont de stand en stand livrer les conseils élémentaires, comme le major Franck Bouilly du groupement de l'Orne. "Des conseils de bons sens, assure-t-il. Ne pas laisser des clés sur les véhicules, ne pas laisser des choses qui attirent l'œil, mettre des serrures anti-effraction, des systèmes d'alarme et de vidéosurveillance, notamment dans les locaux où se trouvent des produits phytosanitaires." 

Philippe Duhoux, le propriétaire de la ferme avicole de l'Orne, et son épouse Anne-Laure n'ont pas le budget pour de tels équipements mais ils ont tout de même opéré une petite modification utile. "On a mis des lumières. La nuit, quand on passe, ça s'éclaire. Cela peut être dissuasif, on peut voir les voleurs plus facilement", explique Anne-Laure.

Alerte par SMS

Philippe et Anne-Laure se sont aussi inscrits sur une liste afin d'être alertés par SMS dès qu'une ferme du secteur est cambriolée, car on sait que les voleurs agissent souvent en série dans les fermes. C'est le major Bouilly lui-même qui envoie ces SMS. "Par exemple, 'recrudescence vols tracteurs, soyez vigilants, ne laissez pas vos engins sans surveillance sur vos parcelles."

Une centaine d'exploitants ont adhéré à ce système gratuit dans l'Orne. Ce dispositif d'alerte SMS, créé d'abord dans le Jura, est imité par de plus en plus de départements afin de mieux prévenir les vols, qu'ils soient l'œuvre de chapardeurs ou de réseaux de trafiquants bien plus organisés.

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