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À Fitou, le dérèglement climatique incite des viticulteurs à planter de l'aloe vera dans leurs rangs de vigne

En Occitanie, des vignerons s’adaptent pour résister au dérèglement climatique. Un producteur tente de diversifier ses cultures, produire moins de vin et reconvertir certaines parcelles.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Ansquer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Laurent Maynadier s'est mis à la culture d'aloe vera pour pallier la chute de rendement de ses vignes. (MATHILDE ANSQUER / RADIO FRANCE)

Courbé dans sa vigne de Fitou dans l'Aude, Laurent Maynadier observe son raisin de près. Il coupe des grappes luisantes, mais dont les grains sont bien plus petits que les autres années.

Ses plantations n'ont pas souffert du gel. Ici, les coupables, c'est le soleil et le manque d'eau qu'il entraîne. Et ce n'est pas la première fois qu'il fait des siennes à Fitou. Durant l'été 2019, il faisait "plus de 45 degrés dans les parcelles", se souvient Marie, la femme du vigneron.

Cultiver de nouvelles plantes

Ces conditions avaient conduit le couple à s'interroger sur l'avenir de leur exploitation et à changer leur mode de culture. Est alors entré en jeu Jacky Riquier, chargé de diversification à la Chambre d'agriculture d'Occitanie. Sa mission : chercher de nouvelles plantes qui pourraient être cultivées en complément du raisin. "Sur ces zones très difficiles très sèches, cela fait 10 à 15 ans que la tendance se confirme : il y a une chute de rendement qui devient régulière et récurrente du fait du manque d'eau", affirme-t-il.

"Les générations d'avant avaient toujours d'autres cultures"

Laurent Maynadier

à franceinfo

Il estime alors qu'il faut prendre des précautions et se diversifier : "Continuer à faire de la vigne, oui, bien sûr. Mais pas que. Ne pas mettre tous les œufs dans le même panier, c'est quand même une sécurité."

Chez les Maynadier, on est vigneron depuis 13 générations. Mais pour autant, cultiver moins de vigne et faire de la place à d'autres espèces, n'est pas un sacrilège, explique Laurent : "Mes grands-parents sont passés en monoculture, mais les générations d'avant avaient toujours d'autres cultures, soit des brebis, soit une partie hôtellerie."

L'aloe vera en période d'essai

Reste donc à trouver les plantes pour remplacer le raisin. La parcelle de Laurent Maynadier accueille des herbes aromatiques, mais aussi de l'aloe vera, une plante d'Afrique du Nord connue pour ses vertus. À la place des vignes, de petites plantes désertiques sortent de terre et elles ont déjà trouvé leur place dans le cœur du vigneron : "Oui, c'est une plante qu'on a choisie, qui nous a semblé belle, qui présentait d'énormes qualités qui semblent bien s'adapter à notre terroir. Donc, oui, je trouve que c'est une belle adoption."

Pour le moment, le projet de Laurent Maynadier est encore au stade expérimental : il ignore si les plantes pourront s'adapter au milieu dans la durée et s'il trouvera des acheteurs pour ces nouvelles cultures.

À Fitou, le dérèglement climatique pousse des vignerons à se diversifier - Reportage de Mathilde Ansquer
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