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Droit du travail : vouloir réduire le recours après licenciement, c'est "honteux", critique la CGT

Sophie Binet pointe qu'il est impossible en deux mois de réunir les éléments de dossier nécessaires.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était lundi 11 décembre l’invitée du "8h30 franceinfo". (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Vouloir réduire à deux mois, contre un an actuellement, le délai pour déposer un recours contre une entreprise en cas de licenciement, "c'est honteux", a critiqué Sophie Binet lundi 11 décembre sur franceinfo. La secrétaire générale de la CGT réagissait à une proposition du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, faite samedi 2 décembre, dans les colonnes du Parisien.

"C'est impossible de faire un dossier juridique et d'aller aux prudhommes pour faire respecter ses droits" dans un délai si court, selon la représentante de la CGT. "Quand on est licencié, c'est très violent. On a beaucoup de choses à mettre en place pour atterrir au niveau de soi-même et de sa famille. Et donc se demander si on va faire une procédure contre son employeur ou pas, ça fait ça en plus, il faut trouver un avocat, il faut monter le dossier, etc."

Le véritable problème qui mine le taux de chômage, 7,4% au troisième trimestre selon l'Insee, c'est que "le nombre de procédures aux prudhommes a chuté, que les employeurs licencient quand ils veulent et comme ils le veulent , et que les salariés n'ont plus les moyens de faire respecter leur droit", regrette Sophie Binet. La secrétaire générale de la CGT conseille plutôt au gouvernement "d'empêcher les licenciements abusifs qui sont légion aujourd'hui".

Réformer la rupture conventionnelle, une autre remise en cause des droits des salariés

Autre proposition du gouvernement qui irrite Sophie Binet et la CGT, celle d'Élisabeth Borne, qui souhaite réformer la rupture conventionnelle. "Il y en a 500 000 par an", avait souligné le ministre du Travail Olivier Dussopt, dimanche 10 décembre sur France Inter. "Encore une fois, ce sont les salariés qui vont être les dindons de la farce. Parce que si on met fin aux ruptures conventionnelles, quand ce sera à leur initiative et qu'ils et elles voudront partir, ils seront contraints de démissionner et donc de partir sans indemnités et sans accès aux allocations chômage". Ce que préconise la CGT depuis "15 ans", rappelle Sophie Binet, c'est "encadrer la rupture conventionnelle pour éviter les abus, parce qu'il y a un certain nombre d'employeurs qui abusent".

C'est une nouvelle fois une mesure contre les salariés, selon la secrétaire générale de la CGT, puisque "les employeurs n'ont plus besoin de la rupture conventionnelle. Ils peuvent licencier très facilement sans risquer de condamnation (...) Remettre en cause la rupture conventionnelle, c'est remettre en cause les droits des salariés", résume Sophie Binet. "Parce que dans un tiers à la moitié des cas, la rupture conventionnelle se fait à la demande de salariés qui veulent quitter leur entreprise et se consacrer à un nouveau projet professionnel."

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